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rassé le moins du monde en présence des augustes personnages devant lesquels il est admis.

«  Sir Leicester et lady Dedlock, dit-il, je me suis déjà excusé du dérangement que je vous cause ; il ne me reste plus qu’à être bref. »

Les Dedlock ont tourné la tête vers un divan placé entre sir Leicester et milady ; le maître de forges répond à cette muette invitation en s’asseyant avec calme sur le divan qu’on lui désigne.

«  À cette époque de travail et d’affaires, reprend M. Rouncewell, où d’énormes entreprises sont en cours d’exécution, les gens comme moi ont tant d’ouvriers, dans tant de lieux différents, qu’ils sont toujours par voies et par chemins. »

Sir Leicester est enchanté que le maître de forges puisse voir qu’au milieu de ce mouvement universel, tout est calme à Chesney-Wold ; que rien ne s’agite au fond de cette ancienne demeure profondément enracinée dans ce parc paisible où le lierre et la mousse prennent le temps de vieillir, où les ormes tordus et calleux, où les vieux chênes couvrent de leur ombre ces couches épaisses de feuilles et de fougère lentement accumulées par les siècles ; où le cadran solaire de la terrasse, immobile et silencieux, marque, depuis tant d’années, ces heures qui furent la propriété des générations éteintes sans avoir laissé de trace ; et le baronnet, gravement assis dans son fauteuil, oppose à l’agitation incessante des maîtres de forges son calme profond et celui de Chesney-Wold.

«  Lady Dedlock, continue M. Rouncewell en s’inclinant avec respect, a eu la bonté de placer auprès d’elle une jeune fille appelée Rosa : mon fils est fort épris de cette jeune personne et m’a demandé de consentir à son mariage avec elle, si toutefois il peut convenir à la jeune fille, ce que j’ai lieu de supposer ; je ne connaissais pas Rosa, mais j’avais confiance dans le jugement de mon fils, même en amour ; et j’ai trouvé la jeune personne telle qu’il me l’avait dépeinte ; ma mère, d’ailleurs, m’en a fait le plus grand éloge.

— Elle le mérite sous tous les rapports, dit milady.

— Je suis heureux, lady Dedlock, de vous entendre parler ainsi ; je n’ai pas besoin d’ajouter de quelle valeur est pour moi l’opinion bienveillante que vous venez d’exprimer.

— C’est complétement inutile, répond avec grandeur sir Leicester, qui commence à trouver le maître de forges un peu trop familier.

— Complétement, je l’avoue, sir Leicester Dedlock ; mon fils