Page:Dickens - Bleak-House, tome premier.pdf/314

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le sofa et en portant la main à ses yeux ; une flèche m’est lancée au cœur et par mon propre enfant !

— Il y a déjà quelque temps que nous avons pris cet engagement, balbutia Prince ; et miss Summerson, l’ayant su, nous a donné le conseil de vous en informer ; elle est assez bonne pour venir se joindre à nous dans la présente occasion. Miss Jellyby a pour vous, mon père, le plus profond respect. »

M. Turveydrop laissa tomber un gémissement.

« Oh ! mon père, ne le prenez pas ainsi ; mon père ! miss Jellyby vous respecte, et son plus vif désir est de contribuer à votre bien-être. »

M. Turveydrop se mit à sangloter.

«  Oh ! mon père, ne vous désolez pas !

— Enfant ! il est heureux que cette angoisse ait été épargnée à votre sainte mère ; frappez, monsieur, frappez au cœur et soyez sans pitié !

— Mon père ! ne parlez pas ainsi, répondit Prince d’une voix suppliante et en fondant en larmes. Je vous jure que notre intention la plus ferme est de songer avant tout à votre bonheur ; Caroline et moi, nous ne négligerons rien pour que vous soyez heureux ; c’est notre devoir et nous ne l’oublierons pas ; nous l’avons dit souvent ensemble et si vous y consentez, mon père, nous n’aurons d’autre soin que de vous rendre la vie agréable.

— Frappé au cœur, murmura le gentleman qui me parut néanmoins prêter quelque attention aux paroles de son fils.

— Mon père, nous savons à quel confortable vous êtes habitué ; nous connaissons le bien-être auquel vous avez droit. Ce sera notre pensée constante de songer aux moyens d’y pourvoir et notre orgueil de parvenir à satisfaire vos besoins. Si vous êtes assez bon pour nous donner votre consentement, nous attendrons sans nous plaindre qu’il vous plaise de fixer l’époque de notre mariage ; et quand nous serons mariés, vous resterez toujours le premier objet de nos soins, le chef de cette maison, mon père ; nous sentons qu’il faudrait être dénaturés pour manquer à ce devoir, et pour ne pas faire tout ce qui dépendrait de nous afin de vous être agréable. »

Le vieux gentleman parut soutenir à l’intérieur un violent combat ; puis, se redressant tout à coup sur le canapé, les joues gonflées, la cravate roide, modèle achevé de suprême élégance et de tournure paternelle :

«  Mon fils, dit-il, je ne puis résister plus longtemps à votre prière ; enfants, soyez heureux ! »

Je n’ai rien vu de plus saisissant que la bénignité avec la-