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— D’après cela, répond le constable, il y aurait quelque chose de vrai dans ce qu’il avance. Au moment où je l’ai saisi en haut d’Holborn, il m’a dit tout de suite qu’il était connu de vous ; et là-dessus un jeune homme, qui se trouvait dans la foule et qui m’a dit vous connaître, ajouta que vous étiez un homme respectable et que, si je voulais me rendre chez vous et m’enquérir du fait, il s’y rendrait en même temps que moi ; j’ai peur qu’il ne tienne pas sa parole, mais… ah ! justement le voici. »

Entre M. Guppy qui fait un signe de tête à M. Snagsby, porte la main à son chapeau en regardant les dames qui sont sur l’escalier, et met dans son salut toute la grâce chevaleresque qui appartient à la cléricature.

«  Je revenais de l’étude en flânant, dit-il au papetier, quand je rencontrai ce constable aux prises avec ce pauvre diable ; et comme votre nom fut prononcé, je pensai qu’il était juste de regarder au fond de l’affaire.

— C’est une grande bonté de votre part ; je vous en suis bien obligé, monsieur, répond le papetier qui raconte de nouveau tout ce qu’il sait de l’individu, en supprimant toutefois l’incident de la demi-couronne.

— Je sais à présent où vous demeurez, dit le constable au pauvre Jo ; dans Tom-all-alone’s ; un endroit bien honnête pour y vivre, n’est-ce pas ?

— J’peux pas aller vivre dans un aut’endroit pus joli, répond Jo ; quoi qu’on m’dirait si j’allais dans un honnête endroit pour y loger ? Qui ça qui voudrait louer un logis honnête à un pauv’malheureux comme moi ?

— Vous êtes très-pauvre, n’est-ce pas ? dit le constable.

— Ah ! oui, j’suis pauv’ ! et toujours pauv’encore.

— Vous l’entendez, messieurs ; eh bien, reprend le constable, il m’a suffi de le fouiller pour trouver sur lui ces deux demi-couronnes ; qu’en pensez-vous maintenant ?

— C’est tout c’qui m’reste, monsieur Snagsby, répond Jo, de la pièce d’or qu’la dame m’a donnée ; qu’elle avait un voile et qu’elle disait qu’elle était une servante ; et qu’elle est venue un soir où c’que j’balaye pour me dire comme ça que j’lui montre, c’te maison où qu’vous êtes, et la maison où c’qu’était mort celui qu’vous y donniez à écrire ; et pis l’cimetière où c’qu’on l’a enterré. Et qu’ell’me dit comme ça : « c’est-y vous le garçon de l’incriète ? » qu’elle dit. J’dis oui que j’dis ; alors qu’elle me dit : « Pouvez-vous t’y m’montrer toutes les places que j’ai dit ? » J’dis oui que j’dis ; et qu’elle me dit : « Faites-le comme j’vous l’dis, » et qu’elle m’a donné un soverain, et pis qu’elle a filé. Et j’en ai