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l’octave suraiguë, à chaque membre de phrase où vous verrez un point.

«  Voilà donc ce qu’il m’a appris : Coavinses a laissé trois enfants. Pas de mère. Le métier de recors. Étant fort peu estimé. Les petits Coavinses se trouvent dans une position, excessivement fâcheuse. »

Mon tuteur se leva, se frotta la tête et se mit à marcher de long en large pendant que M. Skimpole jouait l’un des airs favoris d’Éva.

Quand M. Jarndyce eut parcouru le salon plusieurs fois avec agitation, il s’approcha du piano, et, interrompant le musicien :

«  Tout cela me fait beaucoup de peine, lui dit-il d’un air pensif. »

M. Skimpole, qui avait complétement oublié de quoi il était question, le regarda tout surpris.

«  Cet homme était nécessaire, poursuivit mon tuteur en faisant quelques pas et en ébouriffant ses cheveux comme aurait pu le faire le vent d’est, s’il s’en était mêlé ; « si nos folies ou nos fautes, notre malheur ou notre ignorance des lois de ce monde ont rendu cet homme indispensable, nous ne devons pas nous venger sur lui de nos torts ou de nos misères. Il ne faisait aucun mal et soutenait sa famille ; je voudrais savoir ce que vont devenir ses enfants.

— Coavinses ? demanda M. Skimpole, comprenant enfin ce que mon tuteur voulait dire, mais, rien n’est plus aisé ; il suffit d’aller chez lui, et vous y apprendrez ce que vous voulez savoir.

— Chères filles, nous dit M. Jarndyce en nous faisant un signe que nous attendions toutes les deux, cette promenade en vaudra bien une autre ; allons chez Coavinses. »

Nous fûmes prêtes en un clin d’œil et nous sortîmes aussitôt.

M. Skimpole vint avec nous, enchanté de faire partie d’une semblable expédition. Il était si piquant pour lui, disait-il, d’aller à la recherche de Coavinses, au lieu d’éviter la sienne, comme il avait fait tant de fois !

Il nous conduisit, d’abord, dans Cursitor-street, et s’arrêta devant une maison dont les fenêtres étaient grillées et qu’il appelait du nom de château fort de Coavinses. Nous entrâmes sous le porche ; il sonna ; un jeune garçon, hideux, sortit d’une espèce de bureau et nous regarda par un guichet hérissé de pointes de fer.

« Que voulez-vous ? demanda l’affreux gnome en appuyant son menton sur les pointes qui défendaient le judas.