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Je continuai à l’encourager en lui disant, à ma manière, tout ce que je pus trouver dans ma tête et dans mon cœur, et nous arrivâmes à la maison de M. Krook, dont la porte était ouverte et où une affiche annonçait qu’au second étage une chambre était à louer. Caddy m’apprit alors, en montant l’escalier, qu’il y avait eu dans cette chambre une mort subite ; qu’on avait fait une enquête à ce sujet, et que notre vieille petite amie en avait été malade de frayeur. La porte était ouverte, c’était celle que m’avait désignée la pauvre folle la première fois que j’étais venue dans la maison. Je n’ai rien vu de plus sombre et de plus désolé que cette chambre, qui me fit éprouver une sensation de terreur dont je ne fus pas maîtresse. « Comme vous êtes pâle ! on dirait que vous avez froid ! » s’écria miss Jellyby. Effectivement, cette chambre m’avait glacée.

Nous trouvâmes miss Flite dans sa mansarde. Éva et mon tuteur étaient arrivés déjà depuis quelque temps. Ils regardaient les oiseaux, pendant qu’un jeune médecin, qui avait la bonté de donner ses soins à miss Flite, causait avec elle auprès du feu.

«  Notre malade est beaucoup mieux, dit-il en s’avançant vers nous, et peut reparaître demain à la cour, où son absence a été vivement regrettée, à ce que j’ai pu savoir. »

Miss Flite reçut le compliment sans en être surprise, et nous fit la révérence.

«  Très-honorée, dit-elle, de cette seconde visite des pupilles de la cour. Très-heureuse de recevoir sous mon humble toit Jarndyce de Bleak-House, ajouta-t-elle en faisant une révérence particulière à mon tuteur ; Fitz-Jarndyce, mon enfant (c’est ainsi qu’elle appelait toujours miss Jellyby), bonjour encore et bienvenue !

— A-t-elle été sérieusement malade ? demanda M. Jarndyce au docteur ; mais bien que la question eût été faite à voix basse, ce fut miss Flite qui répondit.

— Oh ! très-malade, dit-elle d’un ton confidentiel ; pas de corps, mais d’esprit. Oh ! les nerfs, les nerfs ! Voyez-vous, continua-t-elle en tremblant et en baissant la voix, nous avons eu la mort dans cette maison, un empoisonnement. Je suis très-impressionnable, et j’ai été fort effrayée ; M. Woodcourt est le seul qui ait connu toute ma frayeur. Je vous présente M. Woodcourt, mon médecin, nous dit-elle avec beaucoup de dignité ; M. Woodcourt, les pupilles dans l’affaire Jarndyce, Jarndyce de Bleak-House, et Fitz-Jarndyce.

— Miss Flite, répondit M. Woodcourt d’une voix grave, en mettant la main sur le bras de la pauvre folle, miss Flite décrit