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mité supérieure d’une grande table, composée de plusieurs autres placées bout à bout, et sur lesquelles des ronds gluants forment des entre-lacs déposés par les verres. Il y a autour de cette table autant de jurés qu’il peut en tenir ; les autres se tiennent au milieu des crachoirs et des pipes ; une guirlande de fer, qui sert de poignée à la sonnette, est suspendue précisément au-dessus de la tête du coroner, ce qui pourrait faire croire mal à propos au public ignorant que ce majestueux personnage doit être pendu séance tenante.

Les membres du jury sont appelés et prêtent serment les uns après les autres. Tandis que la cérémonie suit son cours, un petit homme à grosse tête, portant un col rabattu, l’œil humide, et le nez rouge, entre dans la salle où il produit une certaine sensation, et va modestement prendre place auprès de la porte, comme un simple curieux, bien qu’il paraisse connaître à merveille l’endroit où il se trouve. On dit tout bas que c’est le petit Swills, et l’on suppose qu’il vient étudier la voix du coroner, dont l’imitation formera le morceau principal de la réunion harmonique du soir.

« Gentlemen… commence le coroner.

— Silence ! dit le bedeau ; non pas au coroner, bien qu’on puisse croire que c’est à lui que s’adresse cette injonction.

— Gentlemen, répète le magistrat, vous avez été convoqués pour procéder à une enquête sur la mort d’un certain individu. Des dépositions vont avoir lieu devant vous, qui établiront les circonstances dans lesquelles cette mort a été découverte ; et vous aurez à prononcer votre verdict d’après les… Diables de quilles ! Bedeau, faites suspendre la partie ;… d’après les preuves qui vous seront données et seulement d’après ces preuves ; la première chose à faire est d’examiner le corps.

— Faites place ! » crie le bedeau.

Et comme des gens qui vont aux funérailles, ils se dirigent vers le second étage de la maison de M. Krook, d’où s’échappent bientôt quelques-uns des jurés d’une excessive pâleur. Deux gentlemen, dont les boutons et les parements laissent beaucoup à désirer, sont l’objet des soins particuliers du bedeau qui a fait mettre pour eux, dans la grande salle, une petite table à côté de celle du coroner, et qui, dans la chambre du défunt, les place de manière qu’ils puissent voir tout ce qui doit être vu ; car ces deux gentlemen sont les chroniqueurs attitrés de ce genre d’enquête, et notre bedeau, qui n’est pas exempt plus que nous des faiblesses humaines, espère bien lire, imprimé dans le compte rendu de l’affaire, que « Mooney,