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tion, n’est pas le moyen de savoir de quel côté il se trouve. L’influence de ce procès m’a changé, dites-vous ; raison de plus pour en finir, Esther, et pour que je fasse tout ce qui dépendra de moi, afin de hâter l’arrêt définitif.

— Croyez-vous que les autres n’aient pas fait tous leurs efforts pour en arriver là ? Pensez-vous que l’inutilité de leurs poursuites vous ait rendu la chose plus facile, Richard ?

— Il faut pourtant bien que cela finisse, répliqua-t-il en s’animant de plus en plus ; je suis jeune et plein d’ardeur ; une volonté ferme a, dans tous les temps, opéré des miracles, et nous verrons ce qu’elle produira cette fois ; les autres ne se sont donnés qu’à demi à cette affaire ; moi, je m’y dévouerai corps et âme ; j’en ferai l’unique objet de ma vie.

— Oh ! non, Richard, ou vous seriez perdu.

— N’ayez pas peur, reprit-il d’un ton affectueux ; vous êtes bonne et prudente, chère Esther ; mais vous avez vos préventions ; et, pour en revenir à M. Jarndyce, sachez bien que lorsqu’il y avait entre nous de bons rapports, c’est que la situation était fausse.

— Croyez-vous que l’animosité et la discorde soient votre situation naturelle ?

— Ce n’est pas là ce que je veux dire ; seulement l’affaire en question nous divise et rend impossible toute relation amicale ; plus tard, quand tout sera terminé, si je vois alors que je me suis trompé sur son compte, je le reconnaîtrai avec plaisir, et je lui en ferai mes excuses ; quant à présent, je ne souhaite qu’une chose, c’est que vous, qui êtes la meilleure des confidentes, vous fassiez comprendre à Éva que j’ai mes raisons pour agir comme je le fais envers M. Jarndyce ; j’ai voulu que ce fût vous qui le lui expliquiez ; vous aurez pour cela des paroles plus conciliantes ; et puis… je n’aimerais pas, ajouta-t-il en hésitant, à me montrer d’un caractère soupçonneux auprès d’elle qui est la confiance même. »

— Vous avez raison, lui dis-je : c’est ce que vous avez dit de mieux.

— Assurément, dame Durden ; mais je saurai prendre ma revanche quand les affaires me rendront à moi-même ; soyez tranquille, tout ira bien alors.

— C’est là tout ce que vous voulez que je rapporte à Éva ?

— Pas tout à fait, dit Richard ; je n’ai pas de motif pour lui cacher que M. Jarndyce a répondu à ma lettre comme à l’ordinaire, m’appelant comme toujours son cher Rick, et s’efforçant de me faire changer d’opinion, sans que, dit-il, ma persistance