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fants sur les bras. Oubliez donc tout ce qui a été dit, Georges, et pardon général pour tout ce qui s’est passé. »

La vieille donne une main à son mari, l’autre au sergent qui prend aussi celle de Lignum, et qui la conserve tout en parlant.

«  Je vous assure, dit-il, que je ne reculerais devant aucun sacrifice pour acquitter ce billet. Mais tout ce que je gagne suffit bien juste à entretenir le courant ; nous vivons, Phil et moi, sans faire de grosses dépenses ; mais la galerie ne donne pas tout ce que j’en attendais ; ce n’est pas le Pérou ! j’ai eu bien tort de la prendre ; c’est un fait ; mais j’y ai été poussé en quelque sorte et j’ai cru que ça me rangerait ; qu’une fois établi, je serais plus respectable. Je sais bien que vous avez essayé de m’ôter ces idées-là… bref, je vous suis très-obligé, mais bien honteux de moi-même. » En disant ces paroles, M. Georges secoue la main de ses amis, fait un pas en arrière et se redresse, comme si, après cette confession, il s’attendait à être fusillé avec tous les honneurs militaires.

«  Écoute-moi, Georges, dit M. Bagnet en lançant un coup d’œil à sa femme, et toi, la vieille, continue. »

L’opinion de Lignum, toujours exprimée de la même façon, est qu’il faut immédiatement s’occuper de cette lettre ; que M. Georges et M. Bagnet aillent trouver à l’instant même M. Smallweed ; et que la première chose à faire est de mettre à l’abri de toute poursuite Lignum-Vitæ qui est loin d’avoir la somme dont il a répondu. M. Georges partage entièrement cet avis, prend son chapeau et se prépare à marcher vers l’ennemi, accompagné de M. Bagnet.

« Je vous ai parlé un peu vivement, Georges, n’y pensez plus, dit mistress Bagnet en frappant le maître d’armes sur l’épaule ; je vous confie mon vieux Lignum, et je suis sûre que vous le sortirez de ce mauvais pas. »

Le sergent répond qu’il est touché de cette confiance et qu’il fera tout au monde pour ne pas la trahir ; sur quoi mistress Bagnet, l’œil brillant et la figure joyeuse, retourne chez elle avec son panier, son parapluie et son manteau, pendant que les deux camarades se dirigent vers le Mont-Charmant avec la mission d’aller attendrir le vieil avare.

Il est douteux qu’on puisse trouver dans toute l’Angleterre deux personnes moins faites que M. Georges et M. Bagnet pour amener à bonne fin une négociation avec M. Smallweed ; car, en dépit de leur air martial, de leurs épaules carrées, de leur pas ferme et pesant, ce sont deux vrais enfants, simples et inexpé-