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et se trouve face à face avec le jeune homme qui allait en sortir.

Les yeux du procureur et de milady échangent un regard ; le voile tombe un moment, le soupçon ardent et subtil s’allume, mais ce n’est que l’affaire d’un instant et le nuage passe.

«  Mille pardons, lady Dedlock, il est si peu ordinaire de vous trouver à l’heure qu’il est dans cette pièce, que je pensais n’y rencontrer personne ; mille et mille fois pardon.

— Restez, je vous en prie, dit-elle avec indifférence ; je sors et je n’ai plus rien à dire à ce jeune homme. »

Ce dernier fait un profond salut, et, d’une voix humble et soumise, exprime l’espérance que M. Tulkinghorn se porte bien.

«  Ah ! répond l’avoué en le regardant avec attention, bien qu’un second coup d’œil lui fût parfaitement inutile, n’appartenez-vous pas à l’étude Kenge et Corboy ?

— Oui, monsieur Tulkinghorn, c’est moi qu’on appelle Guppy.

— Certainement, je vous remercie, monsieur Guppy ; je me porte à merveille.

— Enchanté de vous l’entendre dire, monsieur ; vous ne serez jamais trop bien portant pour l’honneur du barreau. »

M. Guppy s’esquive, et M. Tulkinghorn, dont l’accoutrement de forme antique et d’un noir mat fait ressortir la beauté souveraine et l’éclat de Sa Seigneurie, donne la main à milady pour la conduire à sa voiture. Il remonte en se caressant le menton, et continue quelque temps cet exercice auquel il revient souvent dans le cours de la soirée.


CHAPITRE IV.

Un tour de vis.

«  Qu’est-ce que cela peut être ? dit M. Georges ; une cartouche à balle ou à poudre ? une simple amorce, ou un bel et bon coup ? »

Une lettre ouverte est le sujet des méditations du troupier, et semble lui causer une profonde inquiétude. Il tient le papier d’une main, l’éloigne, le rapproche, le change de main, le lit