Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.

amené certains changements qui peuvent être mis en balance de mes désavantages et rétablir à peu près l’équilibre.

— Je prends sur moi, monsieur, de répondre, au nom de miss Summerson, à la proposition que vous voulez bien lui faire, répliqua mon tuteur en dirigeant sa main vers le cordon de la sonnette. Elle est très-sensible à vos bonnes intentions ; elle vous souhaite le bonsoir et fait des vœux pour votre prospérité.

— Que voulez-vous dire par là, s’il vous plaît ? monsieur, demanda M. Guppy d’un air incertain. Est-ce un rejet, une acceptation, ou seulement une prise en considération ?

— Un rejet absolu, monsieur, répondit mon tuteur.

— Vraiment, monsieur ! Et vous, Jobling, si vous étiez l’ami sincère que je suppose, vous donneriez le bras à ma mère pour l’emmener d’ici, au lieu de souffrir qu’elle restât plus longtemps dans un endroit où l’on n’a pas besoin d’elle. »

Mais mistress Guppy refusa positivement de partir et ne voulut pas en entendre parler.

« Sortez vous-même, dit-elle à mon tuteur. Qu’est-ce que ça signifie, votre rejet absolu ? Est-ce que mon fils ne la vaut pas ? N’êtes-vous point honteux ? Sortez, vous-même.

— Ma chère dame, il est peu raisonnable de me prier de sortir de chez moi, répondit mon tuteur.

— Je m’en soucie bien que ce soit raisonnable ou non ! reprit mistress Guppy. Si vous ne trouvez pas que nous valions assez pour vous, allez chercher quelqu’un qui vaille mieux. Allez, allez le chercher.

J’étais loin de m’attendre à la rapidité avec laquelle mistress Guppy avait passé de la joie la plus expansive au ressentiment le plus profond. Rien ne paraissait l’indigner et l’étonner autant que de nous voir rester à notre place.

« Mais allez donc ! s’écria-t-elle ; allez chercher quelqu’un d’assez huppé pour vous ? Pourquoi n’y allez-vous pas ? qu’est-ce qui vous retient ici ?

— Ma mère, lui dit son fils, qui tâchait de la pousser dehors et de se placer devant elle, ma mère, vous tairez-vous, enfin ?

— Non, William, non ; je ne me tairai pas avant qu’il soit sorti. »

Cependant William et son ami Jobling finirent par entraîner mistress Guppy, qui devenait fort insolente, et dont la voix montait d’un degré à mesure qu’on lui faisait descendre une marche, en continuant d’insister pour que nous sortissions immédiatement, afin d’aller chercher quelqu’un d’assez huppé pour nous.