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Le lendemain nous partîmes tous les trois pour Londres. Dès que nous fûmes arrivés, Allan courut à Symond’s Inn pour voir Richard et lui porter la bonne nouvelle ainsi qu’à ma chère fille. J’avais moi-même l’intention d’aller passer quelques minutes auprès d’Éva, malgré l’heure avancée ; mais je revins d’abord à la maison, pour faire le thé de mon tuteur et reprendre à côté de lui mon ancienne place que je ne pouvais me résoudre à quitter sitôt.

On nous dit, en arrivant, qu’un jeune homme était venu trois fois dans la journée pour me voir, et qu’ayant fini par apprendre à la troisième fois que je ne rentrerais pas avant dix heures du soir, il avait laissé un mot pour dire qu’il repasserait de nouveau à cette heure-là. On nous remit ses trois cartes ; elles portaient le nom de M. Guppy.

Comme je cherchais naturellement à deviner le motif de ses trois visites et que, dans ma pensée, quelque chose de risible s’associait toujours au souvenir du visiteur, il advint qu’en riant de ce pauvre jeune homme, je racontai à M. Jarndyce l’ancienne proposition qu’il m’avait faite et la rétractation qui avait eu lieu plus tard. « Après cela, dit mon tuteur, nous ne pouvons pas nous dispenser de recevoir ce héros ; » et à peine l’ordre était-il donné de le faire entrer dès qu’il se présenterait, que M. Guppy sonnait à notre porte.

Il fut très-embarrassé lorsqu’il vit M. Jarndyce auprès de moi ; mais, se remettant bien vite, il lui demanda comment il se portait.

« Et vous, monsieur ? répondit mon tuteur.

— Assez bien, monsieur, je vous remercie. Voudriez-vous me permettre de vous présenter ma mère, mistress Guppy d’Old-Street-Road, et mon ami particulier M. Weevle, c’est-à-dire M. Jobling, car Weevle n’est pas son véritable nom. »

Mon tuteur les pria de s’asseoir, ce qu’ils firent tous les trois.

« Tony, voulez-vous exposer la cause ? dit M. Guppy en s’adressant à M. Jobling après un silence assez embarrassant.

— Faites-le vous-même, » répondit aigrement M. Jobling. M. Guppy réfléchit un instant et prit la parole en ces termes, à la grande satisfaction de sa mère qui poussa M. Jobling du coude et me lança un clignement d’œil des plus significatifs : « Monsieur Jarndyce, dit-il, je m’attendais à voir miss Summerson toute seule, et je n’étais nullement préparé à votre honorée présence. Mais peut-être miss Summerson vous a-t-elle informé de ce qui s’est passé entre elle et moi dans de précédentes entrevues.