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du même ton plaisant, comme pour rappeler la joie que cette découverte avait causée à son auteur qui, maintenant, tout penaud, ne semblait pas le moins du monde goûter cette plaisanterie.

« Je ne sais pas si c’est un testament ou autre chose, » grommela M. Smallweed en glissant dans son fauteuil où il ne présenta plus qu’une masse informe.

M. Bucket eut l’air un instant de vouloir fondre sur lui, sans doute pour le relever ; mais il se retint et continua de s’incliner vers le vieillard avec la même grâce, en nous regardant toujours du coin de l’œil.

« Cependant cela vous préoccupa quelque peu, reprit M. Bucket, parce que vous avez l’âme tendre.

— Qu’est-ce que j’ai naturellement ? demanda M. Smallweed en se mettant la main derrière l’oreille.

— L’âme tendre.

— Bien, bien ; continuez, dit M. Smallweed.

— Et comme vous aviez beaucoup entendu parler d’un célèbre procès en chancellerie, à propos d’un testament portant la même signature ; comme vous saviez que le vieux Krook était un malin pour acheter toutes sortes de vieilleries, entre autres de vieux papiers dont il n’aimait pas à se dessaisir et qu’il tâchait de déchiffrer, vous vous êtes dit, et jamais vous n’avez été plus sage : « Minute ! Si je ne fais pas attention à moi, ce testament peut me mettre dans l’embarras. »

— Et comment l’avez-vous su, Bucket ? Voyons ! cria le vieillard évidemment inquiet et tenant toujours la main derrière l’oreille. Parlez, Bucket ; n’est-ce pas un de vos misérables tours ? Relevez-moi, que je vous entende. Oh ! Seigneur, je suis tout brisé ; mon Dieu ! mon Dieu ! je n’ai plus de souffle ! je suis encore pis que cette vieille sorcière, cette satanée babillarde qui est à la maison. Seigneur Dieu ! »

Il est vrai que M. Bucket avait mis à le relever autant de vigueur que de promptitude. Aussitôt que la toux et les exclamations de M. Smallweed lui permirent de se faire entendre, l’officier de police reprit la parole avec la même affabilité qu’auparavant.

« Comme j’avais l’habitude de fréquenter votre maison, dit-il, vous m’avez mis dans la confidence, et voilà comment je l’ai su. N’est-ce pas cela ? »

Je ne crois pas qu’il soit possible d’admettre un témoignage de plus mauvaise grâce que M. Smallweed n’en montra en cette occasion, prouvant bien, jusqu’à l’évidence, que l’officier de po-