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seulement que vous avez dit que vous me trouviez tout à fait remise, peut-être attendez-vous que je vous reparle du sujet de la lettre, et il est possible que ce soit à moi de le faire. Je serai la maîtresse de Bleak-House quand vous voudrez, tuteur.

— Voyez, répondit-il gaiement, la sympathie qui existe entre nous. Je n’ai que cela dans la tête, avec ce pauvre Rick pourtant, dont la position m’est toujours présente à l’esprit ; j’y pensais lorsque vous êtes entrée. Eh bien ! quand donnerons-nous sa maîtresse à Bleak-House, petite femme ?

— Quand vous voudrez.

— Le mois prochain ?

— Si vous voulez, cher tuteur.

— Ainsi donc le jour où j’accomplirai l’acte le meilleur et le plus heureux de ma vie, où je serai le plus fier, le plus à envier de tous les hommes, le jour enfin où je donnerai à Bleak-House sa petite maîtresse, est fixé au mois prochain, » dit mon tuteur.

Je lui passai les bras autour du cou et je l’embrassai comme je l’avais fait le jour où je lui avais apporté ma réponse.

On annonça au même instant M. Bucket, ce qui était parfaitement inutile, car il était entré dans le cabinet en même temps que le domestique. « Miss Summerson et monsieur Jarndyce, nous dit-il tout essoufflé, en s’excusant du dérangement qu’il nous causait, voulez-vous me permettre de faire monter une personne qui est sur le palier et qui craint, en y restant, d’éveiller l’attention ? Vous consentez ? Merci, monsieur… Ayez la bonté de monter ce digne homme et sa chaise et de l’apporter ici, » dit M. Bucket en se penchant par-dessus la rampe de l’escalier.

À la suite de cette singulière requête on vit entrer un vieillard impotent, coiffé d’un bonnet noir, et que deux hommes déposèrent dans la chambre. M. Bucket renvoya immédiatement les deux porteurs, ferma la porte et la verrouilla mystérieusement. « Monsieur Jarndyce, dit-il en ôtant son chapeau et en agitant son mémorable index par manière d’exorde, vous savez qui je suis et miss Summerson me connaît ; ce gentleman, que l’on appelle Smallweed, me connaît également. L’escompte est sa principale affaire ; c’est ce qu’on appelle un négociant en billets. N’est-ce pas là votre métier ? » continua M. Bucket en se baissant un peu et en s’adressant au gentleman qui avait l’air de se défier beaucoup de lui.

M. Smallweed allait repousser la qualification qui lui était donnée, lorsqu’il fut saisi d’un violent accès de toux.

« C’est de votre faute, lui dit M. Bucket ; si vous ne cherchiez pas à me contredire lorsqu’il n’y a pas de motif, cela ne vous