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Elle tremblait ; j’attendis qu’elle reprît la parole et je crus deviner ce qu’elle allait dire.

« Il y a encore autre chose qui soutient mes forces, chère Esther. » Elle s’arrêta une minute ; sa main continua de courir sur le clavier.

« D’ici à quelque temps, il m’arrivera sans doute une aide bien puissante. Quand alors Richard tournera ses yeux vers moi, peut-être y aura-t-il dans mes bras quelque chose qui lui parlera, d’une manière plus éloquente que je n’ai jamais su le faire, et qui lui montrera mieux que moi sa véritable route. »

Elle se jeta dans mes bras et je la serrai sur mon cœur.

« Et si, par malheur, continua-t-elle, le pauvre ange ne devait pas réussir plus que nous, je regarde au loin, par delà bien des années, et je songe à l’époque où je serai vieille, peut-être morte ; alors sa fille, heureuse et charmante femme, sera son orgueil et sa consolation. Ou bien, je me représente un beau jeune homme plein d’ardeur et de générosité, comme l’était Richard autrefois, et qui, rayonnant de bonheur, se promènera au soleil avec lui, honorant ses cheveux blancs, et se disant en lui-même : « Je remercie Dieu de me l’avoir donné pour père. Un héritage fatal l’avait ruiné ; et c’est moi qui lui ai tout rendu. »

Chère Éva ! quel cœur pur et dévoué que celui qui battait si fort en ce moment contre ma poitrine !

« Cet espoir ranime mon courage, bonne Esther ; et pourtant il s’évanouit parfois devant la crainte qui me saisit quand je regarde Richard. »

J’essayai de la rassurer et lui demandai ce qu’elle redoutait.

« Qu’il ne voie pas son enfant, » répondit-elle en fondant en larmes.


CHAPITRE XXXI.

Une découverte.

Jamais l’époque où je visitais ma chère fille dans ce misérable réduit qu’elle éclairait de sa présence ne s’effacera de ma mémoire. Je ne suis pas retournée dans cet affreux endroit depuis qu’elle en est partie, et ne désire pas le revoir ; mais pour moi