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Voyez ce qui en résulte : Une autre personne également mêlée à cette affaire, une femme dans un état misérable, vient ici cette nuit pour parler à votre servante ; elle lui remet un papier (je donnerais cent guinées pour l’avoir). Que faites-vous, mistress Snagsby ? Vous vous cachez pour les guetter, et vous fondez tout à coup sur votre servante, sachant bien à quelle maladie elle est sujette, et combien il faut peu de chose pour lui donner un accès ; vous vous montrez donc subitement et vous la traitez avec tant de dureté, que la pauvre fille tombe en convulsions et perd la tête au moment où la vie d’une personne dépend de ce qu’elle doit dire ! »

Il prononça ces paroles d’une manière tellement significative que je croisai les mains et que je vis tourner tous les objets qui se trouvaient dans la cuisine ; mais ce vertige ne dura qu’un instant. M. Woodcourt sortit de la chambre de Guster, remit un papier à M. Bucket et retourna près de la malade.

« Maintenant, reprit l’officier de police en jetant un coup d’œil rapide sur la lettre, maintenant, mistress Snagsby, la seule réparation que vous puissiez faire et que je vous demande, c’est de me permettre de dire un mot en particulier à cette jeune dame ; et si vous pouvez aider M. Woodcourt à rappeler à elle la pauvre Guster, je vous saurai un gré infini de vous y employer immédiatement. »

En un clin d’œil elle fut sortie de la cuisine, et M. Bucket eut fermé la porte.

« Chère demoiselle, me dit-il, vous êtes bien sûre de vous-même ?

— Complétement, répondis-je.

— Quelle est cette écriture ? »

C’était celle de ma mère ; quelques lignes au crayon sur un chiffon de papier déchiré, taché, plié grossièrement en forme de lettre, et qui portait mon adresse.

« Vous savez qui a écrit ces lignes ? me dit M. Bucket. Si vous vous sentez assez forte pour me les lire, faites-le, je vous prie, sans en passer un mot. »

Ce billet avait été tracé à différentes reprises, et contenait les lignes suivantes :

« Je suis venue au cottage dans un double but : je voulais voir encore une fois celle qui m’est si chère… seulement la voir ; je ne lui aurais pas parlé ; je ne lui aurais même pas fait connaître que j’étais si près d’elle. ; puis je voulais éluder les poursuites et faire perdre mes traces. Ne blâmez pas Jenny pour l’aide qu’elle m’a donnée ; elle ne l’a fait, pauvre femme, qu’après avoir reçu de ma part l’assurance la plus for-