Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Bucket ; celui de cette nuit est plus violent que les autres, et c’est bien fâcheux dans la circonstance où nous sommes, car j’ai besoin d’un renseignement qu’elle seule pourrait me donner ; il faut absolument que d’une façon ou de l’autre on lui fasse retrouver la raison.

— Après tout, ce n’est pas un si grand mal, reprit l’agent de police ; sans l’accès qu’elle a maintenant, ils seraient encore au lit chez le papetier, mais son accès lui a duré presque toute la nuit.

— C’est vrai, répondit M. Bucket. Ma lanterne n’a plus de bougie ; faites briller la vôtre un instant. »

L’agent obéit ; son inspecteur, entouré du cercle lumineux projeté par la lanterne, se dirigea vers la maison d’où partaient les cris et frappa à la porte ; on lui ouvrit, et il entra nous laissant dans la rue.

« Miss Summerson, me dit M. Woodcourt, si je puis rester auprès de vous sans devenir importun, permettez-moi de le faire.

— Vous êtes bien bon, j’accepte, lui répondis-je ; vous sauriez déjà ce qui nous occupe si cette affaire ne concernait que moi ; mais c’est le secret d’un autre. »

Un instant après, le cercle lumineux brilla de nouveau et M. Bucket s’avança vers nous d’un air empressé : « Veuillez entrer, me dit-il, et vous asseoir auprès du feu. Monsieur Woodcourt, si je ne me trompe, vous êtes médecin : voudriez-vous examiner cette fille et voir si on peut lui donner quelque chose qui la fasse sortir de l’état où elle est ? On lui a remis une lettre qu’il me faut absolument ; je ne la trouve pas dans sa boîte ; elle doit l’avoir dans sa poche ; mais la malheureuse est tellement repliée sur elle-même, qu’il est difficile de la toucher sans lui faire mal. »

Nous entrâmes tous les trois dans la maison, où l’air était épais et étouffant en dépit du froid qu’il faisait au dehors. Derrière la porte d’entrée se tenait un petit homme effrayé, dont la figure annonçait la tristesse et qui me parut d’un caractère doux et poli.

« En bas, s’il vous plaît, monsieur Bucket, dit-il ; cette dame voudra bien nous pardonner de la recevoir dans la cuisine ; c’est la pièce qui nous sert de salon dans la semaine. Le cabinet qui est par derrière est la chambre de la bonne ; elle y est en ce moment, la pauvre créature, et s’y débat d’une manière épouvantable. »

Nous descendîmes, suivis de M. Snagsby ; car j’appris bien-