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craintes, dit le maître d’armes à voix basse, en jetant un regard autour de lui ; quand on voit de si belles pièces si richement meublées, si commodément disposées, et qu’on pense que la personne pour laquelle elles sont préparées est, par un temps pareil, fugitive et sans abri, seule et Dieu sait où ! Ce n’est pas rassurant. »

Il a raison, toute absence fait pressentir l’adieu final ; toute pièce déserte vous murmure ce qu’un jour seront votre chambre et la mienne. Le salon de milady paraît abandonné ; ses vêtements, ses bijoux, les riens qui lui servaient, et qu’on voit çà et là dans le cabinet que M. Bucket fouilla la nuit dernière ; jusqu’à ses glaces habituées à réfléchir son image, tout répand un air de désolation sur ces lieux plus froids et plus sombres par le vide qu’y forme son départ, que mainte cabane dont le toit préserve à peine du vent et de la neige ceux qui s’y trouvent réunis. En vain les domestiques entassent le charbon dans les grilles, et entretiennent la flamme dans le foyer ; il pèse sur ces chambres splendides un nuage sombre que la lumière ne peut pénétrer.

La femme de charge reste avec M. Georges dans l’appartement de milady, jusqu’à ce qu’il soit préparé, et retourne ensuite dans la chambre de sir Leicester, auprès duquel est restée Volumnia, dont le pot de rouge et le collier de perles, d’un si puissant effet dans la petite ville de Bath, ne sont d’aucun soulagement pour le pauvre malade. Miss Dedlock, ne sachant pas de quoi il s’agit, ne trouve rien à dire d’approprié aux circonstances, et, à défaut des paroles qui lui manquent, elle fait de fréquentes allées et venues sur la pointe du pied, elle passe un examen attentif du visage de son cousin et finit par se dire à voix basse : « Il dort ! » mais à cette remarque superflue sir Leicester écrit d’une main indignée : « Non, je ne dors pas ! »

C’est pourquoi Volumnia quitte sa chaise et la cède à la vieille dame qui reprend sa place à côté du malade ; elle va s’asseoir auprès de la table où elle soupire tristement, tandis que le baronnet regarde toujours tomber la neige en prêtant l’oreille aux pas qu’il attend avec impatience, et que mistress Rouncewell, qui a l’air de s’être détachée d’un vieux cadre pour aider un Dedlock à mourir, entend, au milieu du silence, l’écho de ses propres paroles : « Qui est-ce qui osera lui dire la vérité ? »

Sir Leicester a voulu faire sa toilette et s’est livré aux mains de son valet de chambre. On l’a rendu aussi présentable que possible ; il est soutenu par de nombreux oreillers ; ses cheveux