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et se tient debout devant le baronnet, sa large main posée sur la table de la bibliothèque.

« Désirez-vous que nous soyons seuls ? lui demande sir Leicester. Ce sera comme vous voudrez ; mais si vous n’y teniez pas, miss Dedlock serait vivement intéressée par…

— Certes, la présence d’une dame, répond M. Bucket en interrompant le baronnet, et surtout d’une dame dans la position élevée où se trouve miss Dedlock, ne pourrait en toute autre circonstance que m’être excessivement agréable ; mais permettez-moi de vous dire que cet entretien doit se passer entre nous, sir Leicester Dedlock ; qu’il ne sera jamais assez particulier, ce que d’ailleurs vous comprendrez bientôt.

— Cela suffit, monsieur Bucket.

— C’est au point, sir Leicester, que je vous demanderai la permission de fermer la porte à double tour. »

M. Bucket se lève, et posant un genou sur le tapis, ajuste la clef de façon qu’il soit impossible de rien voir par le trou de la serrure.

« Comme je vous l’ai dit hier, sir Leicester Dedlock, il me restait peu de chose à éclaircir, pour trouver le coupable dont la recherche nous occupe. J’ai maintenant recueilli toutes les preuves qui m’étaient nécessaires pour déclarer avec certitude quel est l’auteur du crime.

— Le soldat que vous avez arrêté ?

— Non, sir Leicester.

— Et le criminel est en prison ?

— C’est une femme, sir Dedlock.

— Bonté divine ! s’écrie le baronnet en se renversant dans son fauteuil.

— Maintenant, sir Leicester Dedlock, reprend M. Bucket en confirmant ses paroles du bout de son index, il est de mon devoir de vous préparer à une série de détails qui devront, je dois vous le dire, vous causer une émotion pénible ; mais vous êtes gentilhomme, sir Leicester Dedlock, et je sais de quel courage vous vous sentez capable. Il n’est pas de coup, si terrible qu’il puisse être, qu’un gentleman ne supporte sans fléchir ; et, en face des malheurs qui vous frappent, sir Leicester Dedlock, c’est à la noblesse de votre origine que vous penserez, afin de soutenir l’honneur de votre nom. Vous vous demanderez comment vos ancêtres, depuis Jules César jusqu’à nos jours, sans vouloir remonter plus haut quant à présent, auraient supporté cette épreuve ; et vous montrerez la force qu’ils auraient eue en pareil cas, pour conserver intacte la gloire de vos aïeux. »