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armes meurtrières projettent leur ombre sur le mur, puis devant l’affiche placardée sur la muraille, et disparaître.

« C’est une femme ravissante, en vérité, dit M. Bucket en revenant auprès de Mercure. Toutefois elle a l’air un peu souffrant.

— Elle ne se porte pas très-bien depuis quelque temps ; elle a de fréquents maux de tête, répond Mercure.

— C’est vraiment dommage ; M. Bucket lui conseillerait la promenade.

— Elle en a essayé, dit Mercure, et se promène quelquefois pendant des heures entières, même le soir.

— En êtes-vous bien certain ? lui demande M. Bucket ; mille pardons de vous interrompre ; mais en êtes-vous bien aussi sûr que de vos six pieds trois pouces ?

— Je puis vous l’affirmer.

— Vous êtes si bien proportionné, que je ne vous croyais pas si grand ; il est vrai que ces gardes du corps, qui passent pour être de beaux hommes, sont si mal bâtis en comparaison de vous. Et milady se promène le soir, au clair de la lune ?

— Oui, oui, au clair de la lune surtout.

— Surtout ! Quant à vous, je suppose que vous vous promenez rarement ; le temps vous manque ?

— Oui ; et d’ailleurs je préfère la voiture.

— Vous avez bien raison ; mais j’y pense, dit M. Bucket en se chauffant les mains et en regardant la flamme avec plaisir, elle est sortie le soir du meurtre ?

— Certainement ; c’est moi qui l’ai conduite au jardin.

— Et vous l’y avez laissée ; je vous ai vu.

— Tiens ! Je ne vous ai pas aperçu.

— J’étais pressé, répond M. Bucket ; j’allais voir une vieille tante que j’ai à Chelsea, et qui demeure deux portes plus loin que Bun-House ; une excellente femme de quatre-vingt-dix ans, qui ne s’est jamais mariée, et qui a quelques épargnes ; je passais par hasard au moment où vous refermiez la grille ; quelle heure pouvait-il être ? Dix heures, n’est-ce pas ?

— Neuf heures et demie.

— Vous avez raison, et si je ne me trompe, milady était enveloppée d’un large manteau noir avec une longue frange.

— Précisément. »

L’officier de police a quelque chose à faire qui l’oblige à retourner dans la bibliothèque ; il donne une poignée de main à Mercure pour le remercier du plaisir qu’il a eu à causer avec lui, et l’engage, quand il aura une demi-heure de loisir, à en