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bottes qu’il observe avec soin, tandis que M. Georges fume, les jambes croisées, au coin de la cheminée.

Le maître d’armes se lève enfin pour retourner chez lui ; M. Bucket se lève également, embrasse une dernière fois Malte et Québec, et s’adressant à l’ex-artilleur :

« Quant à ce violoncelle d’occasion, lui dit-il, que cherche mon ami, croyez-vous, monsieur, pouvoir me le procurer ?

— Par douzaines, répond M. Bagnet.

— Je vous en serai fort obligé, réplique M. Bucket en écrasant la main de Lignum ; ami dans le besoin est un ami certain ;… une bonne qualité de son, ne l’oubliez pas ; c’est pour un virtuose qui joue Mozart, Haendel, tous les grands maîtres, comme un artiste accompli ; je n’ai pas besoin de vous dire, monsieur Bagnet, ajoute l’officier de police en baissant la voix, qu’il faudra marquer pour vous un chiffre assez élevé ; je ne dois pas permettre que mon ami paye trop cher, mais il faut cependant que vous touchiez une somme assez ronde pour votre commission et la perte de temps qui en résultera. C’est trop juste ; il faut que tout le monde vive. »

M. Bagnet regarde la vieille en secouant la tête d’un air qui signifie : « Quelle précieuse connaissance ! »

« Voyons, poursuit M. Bucket, si je repassais demain matin à dix heures et demie, pourriez-vous me dire le prix de quelques-uns de ces violoncelles ?

— Rien n’est plus facile. » M. et Mme Bagnet s’engagent même à s’en procurer une certaine quantité pour que l’on puisse choisir.

« Merci, répond M. Bucket ; bonsoir, madame ; bonsoir, monsieur ; bonsoir, mes chérubins ; je suis bien touché de votre accueil ; c’est la meilleure soirée que j’aie passée de toute ma vie. »

Les Bagnet, de leur côté, ne sont pas moins reconnaissants du plaisir que leur a donné la compagnie de M. Bucket, et l’on se quitte de part et d’autre en échangeant la promesse de se revoir. « Et maintenant, mon vieil ami, allons-nous-en chez nous, » dit l’officier de police à M. Georges en le prenant par le bras, et en le tenant de si près que Lignum et sa femme, qui sont restés sur le pas de leur porte pour les voir plus longtemps, remarquent avec plaisir combien M. Bucket paraît aimer le sergent.

La rue voisine étant fort étroite et surtout mal pavée, il devient difficile de marcher deux de front en se donnant le bras : et M. Georges propose à son compagnon d’aller seul ; mais M. Bucket, attaché plus que jamais à sa personne, lui répond :