Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Sir Leicester, voulez-vous sonner ? »

M. Tulkinghorn s’approche de la cheminée et tire le cordon de la sonnette.

« Je vous remercie, monsieur, je vous avais oublié. »

Il fait son salut ordinaire et retourne auprès de la fenêtre ; Mercure se présente immédiatement, reçoit l’ordre d’aller chercher la jeune fille, s’éclipse, amène Rosa et disparaît.

La pauvre enfant a les yeux rouges, elle est encore bien triste.

Le maître de forges se lève en la voyant entrer, lui donne le bras et se dispose à partir.

« Vous voyez qu’on se charge de vous, reprend lady Dedlock de son air indifférent et fatigué ; vous partez sous une bonne protection ; j’ai rendu bon témoignage de votre conduite ; il n’y a pas là de quoi pleurer.

— Il paraît après tout qu’elle a du chagrin de s’en aller, dit M. Tulkinghorn en faisant quelques pas hors de la fenêtre, les mains derrière le dos.

— C’est une enfant sans éducation, dit le maître de forges avec un peu de vivacité, n’étant pas fâché d’avoir à répondre au procureur, elle n’a pas d’expérience, pauvre petite ! et je suis certain qu’elle eût beaucoup gagné à rester dans cette maison. »

Rosa dit en sanglotant que ça lui fait beaucoup de peine de quitter milady, qu’elle était heureuse auprès d’elle, et se plaisait beaucoup à Chesney-Wold ; qu’elle remercie mille fois lady Dedlock de toutes ses bontés…

« Allons, allons, petite folle, pensez un peu à Wat, si vous l’aimez, lui dit tout bas le maître de forges avec douceur.

— Assez, enfant, assez ; vous êtes une bonne fille, reprend milady avec indifférence et en lui montrant la porte ; mais il faut que vous partiez. »

Le baronnet s’est dégagé de la question, et s’est retiré dans le sanctuaire de son habit bleu à boutons d’or. Quant à M. Tulkinghorn, il a repris sa place devant la fenêtre ; et, dans l’ombre qui commence à se répandre, il semble épaissir les ténèbres qui enveloppent milady.

« Sir Leicester et lady Dedlock, dit M. Rouncewell après quelques instants de silence, veuillez m’excuser de vous avoir dérangés une seconde fois ; je comprends à merveille combien cette affaire a dû ennuyer milady ; j’aurais pu emmener cette jeune fille sans vous en parler ; mais j’ai cru, m’exagérant sans doute l’importance de la chose, devoir vous exposer les faits et m’informer respectueusement de vos désirs ; vous voudrez bien, je