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pour lui un ami sincère, et de veiller sur lui comme sur un dépôt sacré.

— Merci, lui dis-je les yeux mouillés de larmes ; elle a pour lui tant d’amour ! Nous l’aimons tous ; mais Éva bien plus encore. Je lui rapporterai vos paroles, et cette chère enfant vous bénira.

— Woodcourt, dit Richard qui accourait au même instant pour me chercher, lorsque vous serez à Londres, permettez que j’aille vous voir.

— Comment donc ! Je n’y ai plus maintenant d’autre ami que vous, Richard. Où vous trouverai-je ?

— Je n’en sais trop rien. Dans tous les cas, on vous le dira chez Vholes, Symond’s-Inn.

— À merveille ; j’irai vous voir aussitôt après mon arrivée. »

Lorsque je fus dans la voiture, au moment où Richard allait y monter, M. Woodcourt posa la main, en tournant les yeux vers moi, sur l’épaule de son nouvel ami ; je compris qu’il me renouvelait sa promesse. Je le remerciai du regard, et, dans celui qu’il m’adressa lorsque les chevaux partirent, il y avait tant de regrets pour ma beauté perdue, que j’en fus heureuse comme un mort qui visiterait les lieux où il vivait jadis, et qui reconnaîtrait qu’on ne l’y a point oublié tout à fait.


CHAPITRE XVI.

Arrêtez-le.

Les ténèbres couvrent Tom-all-alone’s ; grandissant toujours depuis que le soleil a baissé, elles ont fini par envahir tous les vides. Quelques lumières, qui maintenant sont éteintes, ont brûlé d’abord çà et là dans ces bouges, languissant comme la flamme de la vie au milieu de cet air infect et prêtant comme elle leur sinistre clarté à d’horribles créatures. La lune a jeté un regard morne et froid sur cet amas de ruines immondes ; mais elle a passé. Tout est noir, et Tom-all-alone’s, profondément endormi, est immobile sous le poids du plus affreux cauchemar qui soit sorti de l’enfer.

Que de brillants discours n’a-t-on pas faits au Parlement et ailleurs relativement à lui ? Que de disputes violentes au sujet