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proposition ; mais j’en garderai le souvenir, qui, pour moi, s’enlacera toujours… aux berceaux de l’amitié !… »

La bronchite de M. Guppy vint heureusement à son secours.

Je profitai de l’occasion pour lui demander si je pouvais enfin lui dire quel était l’objet de ma visite.

« Assurément, répondit-il ; vous tenez pour certain, j’espère, que je ne puis éprouver que du plaisir à recevoir les observations qu’il vous plaira de me communiquer.

— Vous avez eu, repris-je, lorsque vous êtes venu à Bleak-House, la bonté de…

— Pardon, miss ; je ne peux pas admettre que nous revenions sur une affaire complétement terminée.

— Vous m’avez dit alors, continuai-je, qu’il vous était possible de servir ma fortune en faisant certaines découvertes auxquelles, disiez-vous, j’avais le plus grand intérêt ; je suis orpheline, et je présume que vous fondiez cet espoir sur l’isolement où s’est passée mon enfance. Je viens donc vous demander, monsieur, de ne faire aucune démarche pour moi et d’oublier tout ce qui me concerne ; j’y ai beaucoup pensé depuis quelque temps, surtout depuis la maladie que j’ai faite ; et j’ai cru devoir, non-seulement vous prier d’abandonner votre projet de m’être utile, mais encore vous dire que vous vous abusiez ; vous ne pouvez faire aucune découverte qui me soit profitable ; je connais parfaitement tout ce qui m’est personnel, et je puis vous assurer, qu’en vous occupant de moi, vous perdriez votre temps ; il est possible que vous ayez renoncé de vous-même à l’idée que vous aviez eue dans l’origine ; pardonnez-moi, s’il en est ainsi, de vous avoir dérangé ; mais, si vous y pensiez encore, je vous supplierais, au nom de mon repos, de n’y donner aucune suite.

— Je dois le reconnaître, miss, répondit M. Guppy évidemment soulagé d’un grand poids, vous vous exprimez avec ce tact et cette droiture que j’ai toujours admirés chez vous ; rien n’est plus honorable que de pareils sentiments, et, si j’ai pu me méprendre une seconde sur la nature de vos intentions, je suis prêt à vous en faire mes excuses.

— Permettez-moi, monsieur, de terminer ce que j’avais à vous dire : je suis venue aujourd’hui sans en parler à personne, désirant vous garder le secret relativement à la confidence que vous m’avez faite à Bleak-House ; je sais à merveille que les motifs qui auraient pu m’empêcher autrefois de vous demander une entrevue n’existent plus aujourd’hui ; c’est une raison, n’est--