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bre, tandis qu’elle et son mari mangeaient comme ils pouvaient et perchaient dans un coin au-dessus des écuries.

Je lui demandai comment allait sa mère.

« Je la vois très-peu, me répondit-elle ; mais j’en ai des nouvelles par mon père ; nous sommes maintenant les meilleures amies du monde ; seulement elle trouve absurde que j’aie épousé un maître de danse ; et peut-être craint-elle, en venant chez moi, de partager mon déshonneur.

— Et votre père, Caroline ?

— Oh ! lui, c’est différent ; il passe toutes ses soirées chez nous, et se trouve si heureux dans son petit coin, qu’il fait plaisir à voir.

— Quant à vous, Caroline, vous êtes toujours fort occupée ?

— Je crois bien, chère Esther ; figurez-vous que j’étudie pour parvenir à enseigner ; c’est un secret que je vous confie. Prince n’est pas d’une forte santé ; il a besoin d’être aidé ; les pensions, les cours, les leçons particulières et les apprentis, c’est vraiment trop de fatigue. »

Je trouvais si étrange ce mot d’apprentis à propos de danse, que je demandai à Caddy s’ils en avaient plusieurs.

« Quatre, me répondit-elle ; un interne et trois externes ; de bons enfants, qui, lorsqu’ils sont ensemble, pensent à jouer plutôt qu’à travailler ; mais c’est de leur âge. On les distribue comme on peut dans tous les coins de la maison ; et pendant que je vous parle, le petit garçon que vous avez vu tout à l’heure valse tout seul dans la cuisine.

— Comment, tout seul ?

— Mais oui, pour s’exercer ; on leur montre les pas, et puis ils vont les étudier en particulier ; puis ils viennent à l’académie prendre une leçon générale, qui, à cette époque de l’année, se donne à cinq heures du matin.

— Quelle vie laborieuse ! m’écriai-je.

— Je vous en réponds, dit-elle en souriant ; quand les pauvres petits nous réveillent le matin (la sonnette est dans notre chambre pour que mon beau-père ne l’entende pas) et qu’ouvrant la fenêtre je les vois à la porte, leurs escarpins sous le bras, je pense toujours aux ramoneurs. »

Caroline s’amusait beaucoup de la surprise que je témoignais en écoutant ces détails, et ajouta gaiement : « Vous comprenez quel avantage ce serait pour nous si je savais jouer du piano et de la pochette : par conséquent, j’étudie ces deux instruments, indépendamment de la danse ; si ma mère avait été comme tout le monde, j’aurais appris la musique ; mais je n’en savais pas la