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BARNABÉ RUDGE.

CHAPITRE PREMIER.

Le lendemain matin, le serrurier resta en proie aux mêmes incertitudes, et le surlendemain, et plusieurs jours de suite encore. Souvent, après la chute du jour, il entrait dans la rue et tournait ses regards vers la maison qu’il connaissait si bien ; et il était sûr d’y voir la lumière solitaire briller encore à travers les fentes du volet de la fenêtre, quand tout paraissait au dedans muet, immobile, triste comme un tombeau. Comme il ne voulait pas risquer de perdre la faveur de M. Haredale en désobéissant à ses injonctions précises, il ne s’aventurait jamais à frapper à la porte ou à trahir sa présence ; mais, chaque fois que l’attrait d’un vif intérêt et d’une curiosité non satisfaite le poussait à venir voir de ce côté, et Dieu sait s’il y venait souvent, la lumière était toujours là.

Quand il aurait su ce qui se passait au dedans, il n’en aurait guère été plus avancé ; ce n’est pas là ce qui lui aurait donné la clef de ces veilles mystérieuses. À la brune, M. Haredale se renfermait chez lui, et au point du jour il sortait. Il ne manquait jamais une seule nuit le même manège. Il entrait et sortait toujours tout seul, sans varier le moins du monde ses habitudes.

Voici comment il occupait sa veillée. Le soir, il entrait au logis, absolument comme le jour où le serrurier l’avait accompagné. Il allumait une bougie, parcourait l’appartement, l’examinant avec soin et en détail. Cela fait, il retournait dans la chambre du rez-de-chaussée, posait son épée