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officiers à demi-solde qui faisaient queue pour se faire cirer leurs bottes. Son commerce reçut même une telle extension que, dans le cours des temps, il entretint jusqu’à deux apprentis, sans compter qu’il prit pour femme la veuve d’un chiffonnier éminent, ci-devant à Milbank.

Il vécut avec cette dame (qui l’assistait dans son négoce) sur le pied de la plus douce félicité domestique, émaillée seulement de quelques-uns de ces petits orages passagers qui ne servent qu’à éclaircir l’atmosphère des ménages et à en égayer l’horizon. Il arriva quelquefois, par exemple, dans ces bouffées de mauvais temps, que M. Tappertit, jaloux du maintien de ses prérogatives, s’oublia jusqu’à corriger la dame à coups de brosse, de bottes et de souliers ; pendant que sa ménagère (mais il faut lui rendre la justice que c’était seulement dans des cas extrêmes) se vengeait en lui emportant ses jambes et en le laissant exposé dans la rue aux huées des petits polissons, qui ne prennent jamais tant de plaisir qu’à mal faire.

Mlle Miggs, déçue dans tous ses rêves d’établissement matrimonial ou autres, par la faute d’un monde ingrat, qui ne méritait pas ses regrets, tourna à l’aigre comme du petit-lait. Elle finit par devenir si acide, pinçant, cognant, tordant toute la journée les cheveux et le nez de la jeunesse de la cour du Lion-d’Or, que, par un consentement unanime, elle fut expulsée de ce sanctuaire, et voulut donner la préférence à quelque autre localité bénie du ciel, pour la régaler de sa présence. Il se trouva justement qu’en ce moment les justices de paix de Middlesex firent savoir, par des affiches officielles, qu’il leur fallait un porte-clefs femelle pour le Bridewell[1] du comté, et désignèrent l’heure et le jour du concours des aspirantes. Mlle Miggs, fidèle au rendez-vous, fut choisie d’emblée et hors ligne sur cent vingt-quatre concurrentes, et immédiatement revêtue de l’emploi qu’elle ne cessa d’exercer jusqu’à sa mort, c’est-à-dire plus de trente ans durant, mais hélas ! toujours célibataire pendant tout ce temps-là. On remarqua que cette demoiselle, inflexible d’ailleurs et revêche pour tout le troupeau de femmes dont elle était le pasteur, n’était jamais plus méchante qu’avec celles qui pou-

  1. Maison de correction pour les femmes.