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téressé paraît avoir défié le soupçon des censeurs les plus téméraires.

Gashford, naturellement, l’avait abandonné. Il subsista quelque temps du trafic qu’il fit des secrets de son maître ; mais tout a un terme, et, quand il eut épuisé son fonds, son commerce ne pouvant plus lui rapporter rien, il se procura un emploi dans le corps honorable des espions et des mouchards au service du gouvernement. En cette qualité, comme tous les misérables de son espèce, il traîna sa honteuse et pénible existence, tantôt à l’étranger, tantôt en Angleterre, et endura longtemps toutes les misères d’un pareil poste. Il y a dix ou douze ans… tout au plus… un vieillard maigre et hâve, maladif et réduit au dernier état de gueuserie, fut trouvé mort dans son lit, je ne sais dans quel cabaret borgne du Bourg, où il était tout à fait inconnu. Il avait pris du poison. On ne put avoir aucun renseignement sur son nom : on découvrit seulement, d’après certaines notes du carnet qu’il portait dans sa poche, qu’il avait été secrétaire de lord Georges Gordon, à l’époque des fameuses émeutes….

Bien des mois après le rétablissement de l’ordre et de la paix, quand on n’en parlait déjà plus dans la ville ; qu’on ne disait plus, par exemple, que chaque officier militaire entretenu aux frais de Londres pendant les derniers troubles avait coûté pour la table et le logement quatre livres sterling quatre shillings par jour, et chaque simple soldat deux shillings, deux pence et un demi-penny ; bien des mois après qu’on avait oublié même ces détails intéressants et que tous les Bouledogues-Unis avaient été jusqu’au dernier, ou tués, ou emprisonnés ou transportés, M. Simon Tappertit, ayant été tranféré de l’hôpital à la prison, et de là devant la Cour, fut renvoyé gracié, avec deux jambes de bois. Dépouillé des membres qui faisaient sa grâce et son orgueil, et déchu de sa haute fortune pour tomber dans la condition la plus humble et la plus profonde misère, il se décida à retourner boiteux chez son ancien maître, pour lui demander quelque soulagement. Grâce aux bons conseils et à l’aide du serrurier, il s’établit décrotteur et ouvrit boutique en cette qualité sous une arcade voisine des Horse-Guards. Comme c’est un quartier central, il eut bientôt une nombreuse clientèle, et, les jours de lever du roi, il est prouvé qu’il a eu jusqu’à vingt