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faible pour marcher, ils n’eurent pas de peine à lui persuader de passer là la nuit, et le mirent au lit sans perdre une minute. Cela fait, ils lui firent prendre un cordial et un biscuit avec une bonne potion fortifiante, dont l’influence le plongea bientôt dans une léthargie où il oublia un instant toutes ses peines.

Le négociant en vins, qui était un vieillard plein de cœur, et tout à fait un digne homme, n’avait pas la moindre envie de se coucher lui-même, car il avait reçu des émeutiers plusieurs avertissements menaçants, et, s’il était sorti ce soir-là, c’était précisément pour tâcher de savoir, dans les conversations de la populace, si ce n’était pas sa maison qu’on devait venir attaquer après. Il passa toute la nuit dans la même chambre, sur un fauteuil, faisant par-ci par-là un petit somme, et recevant de temps en temps les rapports de John Grueby et de trois ou quatre autres employés de confiance, qui s’en allaient aux écoutes dans la foule ; il leur avait fait préparer, pour les soutenir, une bonne provision de comestibles dans la chambre voisine, et même, malgré son anxiété, il allait de temps en temps lui-même y chercher du réconfort.

Ces rapports étaient tout d’abord d’une nature assez alarmante ; mais, à mesure que la nuit avançait, ils n’en furent que plus inquiétants, et contenaient de telles menaces de violence et de destruction, qu’en comparaison de ce nouveau plan, tous les troubles antérieurs ne paraissaient rien.

La première nouvelle qu’on lui apporta fut celle de la prise de Newgate et de la fuite de tous les prisonniers, dont la marche, à mesure qu’ils montaient par Holborn et les rues adjacentes, s’annonçait à tous les citoyens renfermés dans leurs maisons par le fracas de leurs chaînes, concert épouvantable, qui s’entendait dans toutes les directions, comme autant de forges en exercice. D’ailleurs les flammes jetaient un tel éclat par les voûtes vitrées du distillateur, que les chambres et les escaliers au-dessous étaient presque aussi bien éclairés qu’en plein jour, pendant que les clameurs éloignées de la multitude faisaient trembler jusqu’aux murailles et aux plafonds.

À la fin on les entendit approcher de la maison, et il y eut là quelques minutes d’une anxiété épouvantable. Ils ar-