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Il n’y avait que le serrurier pour pouvoir faire pareille musique ! Un rayon de soleil, brillant à travers la fenêtre sans croisée et rompant l’obscurité du sombre atelier par une large plaque de lumière, tombait en plein sur lui, comme attiré par son cœur chaleureux. Il était là, debout à son enclume, sa figure toute rayonnante d’exercice et d’allégresse, ses manches retroussées, sa perruque en arrière de son front luisant ; c’était bien l’homme le plus à son aise, le plus libre, le plus heureux du monde entier. Auprès de lui se tenait assis un chat au poil lisse, faisant son ronron, clignant des yeux au grand jour, et s’abandonnant de temps en temps à un assoupissement paresseux, comme par excès de confort. Tobie[1] regardait son maître du bout d’un banc placé tout près de là ; Tobie n’est tout entier qu’un radieux sourire de la tête aux pieds, depuis sa frimousse en terre cuite, brun marron, jusqu’aux boucles rissolées de ses souliers. Ses serrures elles-mêmes, suspendues autour de la boutique, avaient jusque dans leur rouille quelque chose de jovial, et ressemblaient à ces gentlemen goutteux, de gaillarde nature, disposés à plaisanter de leurs infirmités. Rien de maussade, rien de sévère dans toute cette scène. Je suis sûr que dans cette collection de clefs innombrables, il n’y en avait pas une qui se fût prêtée à ouvrir les coffres-forts d’un avare, ou une porte de prison. Quant à des caves pleines de bière et de vin, des chambres avec un bon feu, des livres intéressants, une causerie piquante, et des éclats de rire réjouissants, à la bonne heure, les clefs se trouvaient là sur leur terrain ; mais des lieux de méfiance, de cruauté et de contrainte, elles les auraient laissés fermés bel et bien pour jamais, à quatre tours.

Tink, tink, tink. Le serrurier fit enfin une pause et essuya son front. Le silence réveilla le chat, qui, sautant doucement à bas, rampa vers la porte, et y guetta avec des yeux de tigre un oiseau dans sa cage à une fenêtre d’en face. Gabriel leva Tobie jusqu’à ses lèvres et but une bonne gorgée.

Alors, comme il était tout droit, sa tête rejetée en arrière, sa corpulente poitrine en saillie, on aurait vu que la partie inférieure de l’habillement de Gabriel appartenait au cos-

  1. Le fameux cruchon de M. Varden.