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CHAPITRE XL.

Songeant fort peu au plan d’heureux établissement dont venait d’accoucher pour lui la féconde cervelle de son prévoyant capitaine, Hugh ne s’arrêta pas avant que les géants de Saint-Dunstan eussent frappé l’heure au-dessus de sa tête. Alors il fit jouer avec une grande vigueur la poignée d’une pompe qui se trouvait près de là ; et, fourrant sa tête sous le robinet, il se mit à prendre une bonne douche, laissant l’eau tomber en cascade de chacun de ses cheveux vierges du peigne ; et quand il fut trempé jusqu’à la ceinture, considérablement rafraîchi d’esprit et de corps par cette ablution, et presque dégrisé pour le moment, il se sécha du mieux qu’il put ; puis il franchit la chaussée, et fit manœuvrer le marteau de la porte de Middle-Temple.

Le portier de nuit regarda d’un œil revêche à travers un petit guichet du portail et cria : « Qui vive ? » Salut auquel Hugh répondit : « Ami ! » en lui disant de se dépêcher de lui ouvrir.

« Nous ne vendons pas de bière ici, cria l’homme ; qu’est-ce que vous voulez ?

— Entrer, répliqua Hugh, et il donna un grand coup de pied dans la porte.

— Pour aller où ?

— À Paper-Buildings.

— Chez qui ?

— Sir John Chester. » Et il accentua chacune de ses réponses d’un nouveau coup de pied.

Après avoir un peu grogné, le portier lui ouvrit la porte, et Hugh passa, mais non sans subir une inspection sérieuse.

« Qui ? vous ? rendre visite à sir John, à cette heure de nuit ! dit l’homme.

— Oui ! dit Hugh. Moi ! eh bien quoi ?

— Mais il faut que je vous accompagne et que je voie si vous y allez, car je ne le crois pas.