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— J’espère toujours qu’il ne leur fait pas faire leur testament pour les assommer ensuite, dit M. Tappertit d’un air soucieux. Mais allons, les Bouledogues Unis m’attendent. En avant ! … Qu’est-ce que vous avez ?

— Quelque chose que j’avais tout à fait oublié, dit Hugh, qui venait de tressaillir en entendant une horloge voisine. J’ai quelqu’un à voir cette nuit… Il faut que je retourne tout de suite sur mes pas. Tandis que nous étions là à boire et à chanter, ça m’était sorti de la tête. C’est bien heureux que je me le sois rappelé. »

M. Tappertit le regarda comme s’il eût été sur le point d’exprimer quelques reproches majestueux au sujet de cet acte de désertion ; mais la précipitation de Hugh montrant clairement que l’affaire était pressante, il lui fit grâce de ses observations, et lui accorda la permission de partir sur-le-champ, faveur précieuse que l’autre reconnut par un grand éclat de rire.

« Bonne nuit, capitaine ! cria-t-il. Je suis à vous à la vie à la mort, souvenez-vous-en.

— Adieu ! dit M. Tappertit en agitant sa main. Hardiesse et vigilance !

— Pas de papisme, capitaine ! rugit Hugh.

— Plutôt voir l’Angleterre dans le sang ! » cria son terrible chef.

Sur quoi Hugh applaudit, toujours en riant aux éclats, et se mit à courir comme un lévrier.

« Cet homme fera honneur à mon corps, dit Simon en tournant sur son talon d’un air pensif. Et voyons un peu. Dans un changement de société, qui est inévitable, si nous nous soulevons et que nous remportions la victoire, quand la fille du serrurier sera à moi, il faudra me débarrasser de Miggs d’une manière quelconque, ou un soir, pendant mon absence, elle empoisonnera la bouilloire à thé. Il pourrait épouser Miggs dans un moment d’ivresse. Oui, c’est ça. Je vais en prendre note. »