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Gordon, président de la grande Association protestante ; Hugh fit raison à ce toast avec le même enthousiasme. Un joueur de violon qui se trouvait là, et qui avait l’air de remplir les fonctions de ménestrel officiel de la compagnie, racla immédiatement un branle d’Écosse, et il y mit tant d’entrain que Hugh et son ami, qui avaient commencé par boire, se levèrent de leurs siéges comme d’un commun accord, et, à la grande admiration des hôtes réunis, exécutèrent une improvisation chorégraphique, la danse de Pas de papisme.


CHAPITRE XXXIX.

Les applaudissements que la danse exécutée par Hugh et son nouvel ami arracha aux spectateurs de la Botte n’avaient pas encore cessé, et les deux danseurs étaient encore tout haletants de leurs gambades, qui avaient été d’un caractère des plus violents, quand la compagnie reçut du renfort. Les nouveaux venus, composés d’un détachement des Bouledogues Unis, furent reçus avec des marques très flatteuses de distinction et de respect.

Le chef de cette petite troupe (car ils n’étaient que trois en le comptant) était notre ancienne connaissance, M. Tappertit, qui semblait, physiquement parlant, être devenu plus petit avec les années, particulièrement des jambes : jamais vous n’en avez vu de plus fluettes ; mais par exemple, au point de vue moral, en dignité personnelle, en estime de soi-même, il avait acquis des proportions gigantesques. Il ne fallait pas avoir l’esprit bien observateur pour découvrir ces sentiments chez l’ex-apprenti : car non seulement il les proclamait, de manière à faire impression et à éviter toute méprise, par sa majestueuse démarche et son œil flamboyant, mais en outre il avait trouvé un moyen frappant de révélation dans son nez retroussé, qui semblait affecter pour toutes les choses de la terre le plus profond dédain, et ne voulait entrer en communion qu’avec le ciel, sa patrie.