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meture de l’auberge au bout de la soirée ; mais M. Cobb, stimulé par l’étonnement que causait à la société la présomption du jeune homme, riposta en lui décochant quelques brocards ; c’était trop : la chair et le sang ne purent supporter cela. En un seul moment s’accumulèrent la vexation et le courroux de bien des années. Joe bondit, renversa la table, tomba sur son ennemi invétéré, le gourma de toute sa force et de toute son adresse, et finit par le lancer avec une rapidité surprenante contre un monceau de crachoirs dans un coin. M. Cobb y plongeant, la tête la première, avec un fracas terrible, resta étendu de tout son long parmi les ruines, abasourdi et sans mouvement. Alors le vainqueur, n’attendant pas que les spectateurs le complimentassent sur son triomphe, se retira dans sa chambre à coucher, et, se considérant comme en état de siége, il entassa contre la porte tous les meubles transportables, en guise de barricade.

« Voilà qui est fait, dit Joe, en s’asseyant sur son bois de lit et essuyant sa figure échauffée. Je savais que j’en viendrais là. Le Maypole et moi, il faut que nous nous séparions. Je suis un vagabond, un coureur, elle me hait pour toujours. Tout est perdu ! »


CHAPITRE XXXI.

Réfléchissant sur sa malheureuse destinée, Joe resta assis et écouta longtemps ; il s’attendait à chaque instant à entendre l’escalier crier sous leurs pas ou à être salué des sommations de son digne père, exigeant qu’il capitulât sans condition et se rendît tout de suite. Mais ni voix ni pas ne vint jusqu’à lui, et, quoique des échos de portes qu’on fermait, de gens qui allaient et venaient dans les chambres avec précipitation, résonnant de temps en temps à travers les grands corridors et pénétrant au fond de sa solitude reculée, lui fissent comprendre qu’il y avait en bas un bouleversement extraordinaire, aucun son plus rapproché ne troubla le lieu de sa retraite, qui semblait encore plus paisible à cause de ces bruits loin-