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pas besoin de l’ôter, monsieur, je vous remercie. Je vois d’ici E. C. ; nous tiendrons le reste pour chose convenue.

— Monsieur Tappertit, je vous prie, dit M. Chester, cette pièce compliquée de serrurerie que vous m’avez fait la faveur d’apporter avec vous a-t-elle quelque connexion immédiate avec l’affaire que nous avons à discuter ?

— Elle n’en a aucune, monsieur, répliqua l’apprenti. C’est que j’allais la poser à la porte d’un magasin dans Thames Street.

— Peut-être, en ce cas, dit M. Chester, comme elle a un parfum d’huile grasse un peu plus fort que je n’ai l’habitude d’en rafraîchir ma chambre à coucher, voudrez-vous bien m’obliger de la déposer dehors à la porte ?

— Certainement, monsieur, dit M. Tappertit, se hâtant d’acquiescer à ce désir.

— Vous m’excuserez de cette observation, j’espère ?

— Ne vous en excusez pas, monsieur, je vous prie. Et maintenant, s’il vous plaît, à notre affaire. »

Durant tout le cours de ce dialogue, M. Chester n’avait rien laissé paraître sur sa figure que son sourire de sérénité et de politesse inaltérable. Sim Tappertit, qui avait de lui-même une opinion beaucoup trop bonne pour soupçonner que n’importe qui pût s’amuser à ses dépens, s’imagina reconnaître là quelque chose du respect qui lui était dû, et fit de cette conduite courtoise d’un étranger à son égard une comparaison qui n’était point du tout favorable à celle du digne serrurier, son patron.

— D’après ce qui se passe chez nous, dit M. Tappertit, je suis instruit, monsieur, d’un commerce que votre fils entretient avec une jeune demoiselle contre vos inclinations. Votre fils ne s’est pas bien conduit avec moi, monsieur.

« Monsieur Tappertit, dit l’autre, vous me peinez au delà de toute expression.

— Je vous remercie, monsieur, répliqua l’apprenti. Je suis aise de vous entendre parler ainsi. Il est très fier, monsieur votre fils, très hautain.

— J’en ai peur, dit M. Chester. Savez-vous que je le craignais un peu déjà ? mais votre témoignage ne me permet plus d’en douter.

— Raconter les corvées serviles que j’ai eu à faire pour