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parquet ; prenez la chaise sur laquelle il s’est assis, et exposez-la à l’air : jetez un peu de cette essence sur moi. Je suis suffoqué ! »

Le domestique obéit ; puis la chambre et le maître étant tous deux purifiés, M. Chester n’eut plus qu’à demander son claque, à le placer gracieusement plié sous son bras, à s’asseoir dans la chaise, et à se laisser emporter dehors en fredonnant un air à la mode.



CHAPITRE XXIV.

Comment ce gentleman distingué passa la soirée au milieu d’un cercle brillant, éblouissant ; comment il enchanta tous ceux dont il s’approcha, par la grâce de son maintien, la politesse de ses manières, la vivacité de sa conversation et la douceur de sa voix ; comment on remarqua dans chaque coin du salon que Chester était un homme d’une heureuse humeur, que rien ne le troublait, que les soucis et les erreurs du monde ne lui pesaient pas plus que son habit, et que sa figure souriante reflétait constamment un esprit calme et tranquille ; comment d’honnêtes gens, qui par instinct le connaissaient mieux, s’inclinèrent néanmoins devant lui, pleins de déférence pour chacune de ses paroles, et courtisant la faveur d’un de ses regards ; comment des gens qui avaient réellement du bon se laissèrent aller au courant, le flattèrent, l’adulèrent, l’approuvèrent, et se méprisèrent eux-mêmes de tant de bassesse ; comment, en un mot, il fut un de ceux qui sont reçus et choyés dans la société par nombre de personnes qui, individuellement, se fussent éloignées avec dégoût de celui qui faisait en ce moment l’objet de leur attention avide : voilà des choses si naturelles, qu’elles se présenteront d’elles-mêmes à nos lecteurs. De pareilles platitudes sont si communes qu’elles ne valent à peine qu’un coup d’œil rapide, et c’est tout.

Les gens qui méprisent l’humanité (je ne parle pas des im-