roir, comme s’il cherchait dans son expression quelque encouragement, il dit enfin avec un rude effort de conciliation : « Voulez-vous me parler, maître, ou faut-il que je m’en aille ?
— Parlez, vous, dit M. Chester ; c’est à vous à parler, mon bon garçon. J’ai parlé, moi, n’est-ce pas ? J’attends maintenant que vous parliez à votre tour.
— Mais voyons, monsieur, répliqua Hugh avec un embarras qui ne faisait que croître, ne suis-je pas l’homme auquel vous avez laissé en particulier votre cravache avant de quitter à cheval le Maypole, en lui disant de vous la rapporter lorsqu’il désirerait vous parler sur un certain sujet ?
— Certainement si, vous êtes bien cet homme, ou il faut que vous ayez un frère jumeau, dit M. Chester en regardant l’inquiète figure de Hugh reflétée aussi par le miroir ; ce qui n’est pas probable, n’est-ce pas ?
— Je suis donc venu, monsieur, dit Hugh, vous rapporter cela, en y joignant autre chose ; c’est une lettre, monsieur, que j’ai prise à la personne qui en était chargée. »
En même temps il posa sur la toilette l’épître même d’Emma, cette missive dont la perte avait causé tant de chagrin à Dolly.
« Avez-vous enlevé ceci de vive force, mon bon garçon ? dit M. Chester en y jetant les yeux, sans le moindre signe visible d’étonnement ou de plaisir.
— Pas tout à fait, dit Hugh, pas tout à fait.
— Qui était le messager auquel vous l’avez pris ?
— Une femme, la fille d’un nommé Varden.
— Ohl vraiment, dit gaiement M. Chester. Ne lui avez vous pas encore pris autre chose ?
— Quelle autre chose ?
— Oui, dit le gentleman d’un ton traînant, car il était occupé à fixer un tout petit morceau de taffetas d’Angleterre sur un tout petit bouton à l’un des coins de la bouche, autre chose.
— Eh bien ! … un baiser.
— Et rien de plus ?
— Rien.
— Je présume, dit M. Chester avec la même aisance, et en souriant deux ou trois fois pour voir si le petit morceau de taffetas adhérait bien au petit bouton, je présume qu’il y