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Joe, toutefois, prit sur une planche la lanterne et l’alluma ; puis, s’armant d’un solide bâton, il demanda si Hugh était dans l’écurie.

« Il dort, étendu devant le feu de la cuisine, monsieur, dit M. Willet. Que lui voulez-vous ?

— Je veux l’emmener avec moi pour chercher ce bracelet, répondit Joe. Holà ! venez ici, Hugh. »

Dolly devint pâle comme la mort et se sentit toute prête à s’évanouir. Quelques moments après Hugh entra d’un pas chancelant, en s’étirant et bâillant selon son habitude, et ayant tout à fait l’air d’avoir été réveillé d’un profond somme.

« Ici, dormeur éternel ! dit Joe en lui donnant la lanterne. Emportez cela et amenez le chien. Malheur à cet individu si nous l’attrapons !

— Quel individu ? grogna Hugh en frottant ses yeux et se secouant.

— Quel individu ! répliqua Joe qui, dans sa bouillante valeur, ne pouvait pas rester en place. Vous sauriez de quel individu il s’agit, si vous étiez un peu plus vigilant. Il est bien digne de vous et de ceux qui vous ressemblent, paresseux géant que vous êtes, de passer le temps à ronfler dans le coin d’une cheminée, quand les filles des honnêtes gens ne peuvent traverser même nos paisibles prairies à la chute du jour sans être attaquées par des voleurs, et effrayées au point que cela compromet leurs précieuses vies.

— Jamais ils ne me volent, moi, cria Hugh en riant. Je n’ai rien à perdre. Mais c’est égal, je les assommerais aussi volontiers que d’autres. Combien sont-ils ?

— Un seul, dit Dolly d’une voix faible, car tout le monde la regardait.

— Et quelle espèce d’homme, mistress ? dit Hugh, en lançant sur le jeune Willet un coup d’œil si léger, si rapide, que ce qu’il avait de menaçant fut perdu pour tous excepté pour elle. À peu près de ma taille ?

— Non, pas si grand, répliqua Dolly, qui savait à peine ce qu’elle disait.

— Son costume, dit Hugh en la regardant d’une manière perçante, ressemblait-il à quelqu’un des nôtres ? Je connais tous les gens des alentours, et peut-être que je mettrais sur