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BARNABÉ RUDGE

ancienne chambre là-haut, monsieur. Pas de doute que vous ne puissiez y entrer, monsieur, dit John en reculant de quelques pas sur le chemin et levant ses yeux vers la fenêtre. Il n’a pas encore éteint sa lumière, à ce que je vois. »

Édouard jeta aussi un coup d’œil sur la fenêtre, et, murmurant à la hâte qu’il avait changé d’idée, qu’il avait oublié quelque chose, et qu’il lui fallait retourner à Londres, il remonta à cheval et s’éloigna, laissant les Willet père et fils se regarder l’un l’autre dans un muet étonnement.



CHAPITRE XV.

Le lendemain, vers midi, l’hôte de la veille de John Willet, assis en sa propre maison, prolongeait son déjeuner, entouré d’une variété de jouissances qui laissaient derrière elles, à une distance infinie, les plus énergiques tentatives et le plus haut essor du Maypole pour le bien-être des voyageurs, et dont la comparaison était loin d’être à l’avantage de cette vénérable taverne.

Dans l’embrasure antique d’une fenêtre, sur un siége aussi large que bien des sofas modernes, et garni de coussins pour tenir lieu d’un voluptueux canapé, dans une chambre spacieuse, M. Chester se dorlotait à son aise devant une table chargée d’un déjeuner complet. Il avait changé sa redingote contre une belle robe de chambre, ses bottes contre des pantoufles ; il avait eu bien de la peine à réparer le malheur d’avoir été obligé de faire au Maypole sa toilette, à son lever, sans l’aide de son nécessaire et de sa garde-robe ; mais ayant oublié par degrés, à la faveur de ces ressources domestiques, les désagréments d’une nuit médiocre et d’une chevauchée matinale, il était dans un parfait état d’aménité, d’indolence et de satisfaction.

Il est vrai de dire que la situation où il se trouvait, était singulièrement favorable au développement de ces sentiments : car, sans parler de l’influence nonchalante d’un dé-