Page:Dickens - Barnabé Rudge, tome 1, Hachette, 1911.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
BARNABÉ RUDGE

il ment, et il me fait une griève injure, rien que de le croire.

— Haredale, répliqua l’autre en se balançant d’un air convaincu, et le confirmant par des signes de tête dirigés vers le foyer, c’est extrêmement noble et viril, c’est réellement très généreux de votre part de me parler comme vous faites, franchement et à cœur ouvert. Ce sont exactement là mes sentiments, oui, ma parole ; mais vous les exprimez avec beaucoup plus de force et de puissance que je ne saurais le faire. Vous connaissez ma nature indolente, et vous me pardonnerez, j’en suis sûr.

— Quelque décidé que je sois à défendre à ma nièce toute correspondance avec votre fils et à rompre leurs relations ici, cela dût-il causer la mort d’Emma, dit M. Haredale, qui s’était promené en long et en large, je voudrais y mettre de la bonté et de la tendresse autant que possible. Je suis chargé d’un dépôt que ma nature n’est pas propre à comprendre, et, par cette raison, la simple nouvelle qu’il y a entre eux de l’amour tombe sur moi ce soir presque pour la première fois.

— Je suis plus enchanté que je ne pourrais vous le dire, répliqua M. Chester du ton le plus doux, de trouver mes impressions personnelles ainsi confirmées. Vous voyez ce que notre entrevue a d’avantageux. Nous nous comprenons l’un l’autre, nous sommes tout à fait d’accord, nous avons une explication complète, et nous savons quelle marche suivre. Eh mais, pourquoi ne goûtez-vous pas au vin de votre locataire ? Il est réellement très bon.

— Qui donc, je vous prie, dit M. Haredale, a aidé Emma ou votre fils ? Quels sont leur intermédiaires, leurs agents ? savez-vous ?

— Toutes les bonnes gens par ici, le voisinage en général, je pense, répliqua l’autre avec son plus affable sourire. Le messager que je vous ai envoyé aujourd’hui se distingue parmi tous les autres.

— L’idiot ? Barnabé ?

— Cela vous étonne ? J’en suis bien aise, car j’étais un peu étonné de cela moi-même. Oui, j’ai arraché cela de sa mère, une sorte de femme très convenable ; c’est d’elle, en vérité, que j’ai principalement appris combien la chose était deve-