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Bref on se l’arrachait un peu, et le cousin d’Amérique trouvait sa nouvelle existence délicieuse. N’eût été la peine que lui causait le défauts d’aventures, qu’il était venu chercher si loin, sans en avoir encore trouvées, il se serait cru dans le paradis de Mahomet.

Plusieurs fois déjà, il s’était plaint à ses amis de cette lacune dans son existence parisienne, — ajoutant qu’il n’avait laissé le Canada dans le but unique d’avoir au moins une aventure, blasé qu’il était sur celles de son pays.

Mais soit qu’on ne le prit pas au sérieux, soit que réellement on n’eût pas, à Paris, à lui offrir d’aventure digne d’un homme qui en avait eu de si terribles, — il n’avait obtenu que des réponses évasives et provoqué des rires d’incrédulité.

— Farceur, va ! s’était-on contenté de lui répliquer.

Toutefois, Georges ne désespérait pas d’arriver à ses fins et de remplir les engagements qu’il avait pris vis-à-vis de lui-même, à son départ de Québec. Plus que jamais il y tenait ; et les mirobolants récits qu’il débitait depuis tantôt un mois l’avaient si bien grisé, qu’il se mourait d’avoir cette aventure tant désirée.

Chaque fois qu’il se mettait au lit, après une journée infructueuse, il se répétait solennellement :

— Rien encore aujourd’hui… mais, dussé-je passer dix ans à Paris, j’aurai mon aventure !