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grands résultats ; et cette trouvaille devait en être une preuve éclatante.

En effet, si le dieu Hasard ― lequel conduit le monde par le bout du nez ― n’eût pas dirigé la main de Georges vers l’impénétrable cachette où dormaient inoffensifs ces volumes de romans, notre héros n’aurait pas…

Mais n’anticipons point. Laissons les événements se dérouler d’eux-mêmes, et dans leur ordre naturel, sous nos yeux.

De sa vie, Georges n’avait ouvert un roman : d’abord, parce que son oncle, homme positif, ne lui aurait pas permis une incartade semblable ; secondement, pour l’excellente raison qu’il n’avait jamais éprouvé cette soif de fiction qui enfièvre les imaginations jeunes et vives. Les grandes émotions lui étaient inconnues, et les passions fougueuses qui secouent le commun des mortels semblaient avoir épargné son paisible cœur.

Tout était donc calme plat dans le moral de notre héros, lorsque celui-ci fit dégringoler, des hauteurs inaccessibles de sa bibliothèque, les quinze brochures que l’on sait.

Ce fut un coup de foudre, un gigantesque éclair !

Le rideau d’insouciance qui, jusque-là, avait séparé Georges du monde extérieur en fut déchiré, et le candide jouvenceau s’aperçut avec stupeur qu’il y avait sur la terre d’autres voluptés que celle du far niente, d’autres femmes que Marguerite, d’autres horizons que les murs de son sélamlik.