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accents émus qui vont au cœur ; la parole, non appuyée d’une conviction chaleureuse, ne saurait arriver au plus intime de l’être, comme la voix de Jean Lehoulier l’avait fait.

Au fond de son cœur, elle sentait se réveiller, pour l’homme d’honneur incliné devant elle sous le poids d’un souvenir bien malheureux, mais non coupable, cette indulgence attendrie qu’éprouvent les gens mûrs lorsqu’en fouillant dans les cendres du passé, il leur arrive d’en voir quelque étincelle non encore éteinte…

Relevant enfin la tête, elle regarda Jean Lehoulier bien en face et dit d’un ton très calme :


La veuve ouvrit de grands yeux et fit un geste.

— Jean Lehoulier je vous crois !… Les choses ont dû se passer comme vous les racontez…

— Merci, Yvonne ! Merci pour nos enfants qui s’aiment, interrompit le père d’Arthur.

— … Mais, continua la veuve, si je vous crois, moi, d’autres feront-ils comme je fais ? Mes fils, que vont-ils penser ?… Ma fille, elle-même…

— C’est juste, voisine : vous voulez des preuves ?

— Songez, Jean, que Robert Quetliven ne m’a pas écrit de Saint-Pierre même.