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— Puis, reprenant avec vivacité :

— Quant à Wapwi, dit-elle en riant aux éclats, parlons-en. Ce petit oiseau-là, — car c’est un vrai oiseau, bien gentil tout de même, — passe la plus grande partie de son temps sur la baie ou dans les bois, à pêcher du poisson ou colleter des lièvres.

— C’est sa manière à lui de se rendre utile, expliqua Arthur. Manques-tu de gibier ou de matelotes, depuis que nous l’avons enlevé à sa micmaque de belle-mère ?

— Oh ! pour ça, non. Aussi n’est-ce pas pour lui faire des reproches, le cher petit, que je me plains de ses absences continuelles. Mais s’il nous tenait un peu plus compagnie, en votre absence, les journées seraient moins longues.

— Et ! bon Dieu, petite sœur, cours les bois avec mon protégé, — je lui en donne la permission ; ça te distraira.

— C’est une idée, cela, Arthur ! et, à moins que père et mère n’y mettent empêchement, je pourrais bien en profiter l’un de ces quatre matins…

Et, comme les « bonnes gens » ne soulevèrent aucune objection, Mimie eut bientôt fait d’organiser dans sa tête une belle et bonne reconnaissance en « pays ennemi », c’est-à-dire du côté opposé de la baie.


IX

WAPWI SUR LE SENTIER DE… L’AMOUR


Deux mois se sont écoulés depuis l’installation de la famille Noël sur la rive orientale de la baie.

La maison construite par les jeunes gens de la petite colonie, bien que ne présentant certes pas l’apparence d’une de ces coûteuses bonbonnières que l’on admire aux places d’eaux en vogue, offre cependant un assez joli coup d’œil. Avec ses chevrons dépassant de plusieurs pieds l’alignement du carré, elle vous a un certain air de coquetterie agreste dont ne s’enorgueillissent pas médiocrement les ouvriers improvisés qui l’ont bâtie.

Si nous ajoutons que de ce larmier très large partent d’élégantes colonnes de fines épinettes bien écorcées, mais pas autrement travaillées, qui vont s’appuyer sur le trottoir entourant la maison, nous aurons une idée de ce que peuvent faire quatre hommes de bonne volonté, lorsque la nécessité et l’isolement leur tiennent lieu d’expérience.

Aussi n’étonnerons-nous personne en disant que les « jeunesses » de la colonie Kécarpouienne ont l’intime conviction d’avoir édifié un palais.

Tout est relatif en ce monde.

Aussi l’ont-ils baptisé le Chalet, sans épithète — comme s’il ne pouvait en exister d’autre dans le monde entier.

Les travaux sont donc finis…

Finie aussi, hélas ! — ou, du moins, bien entravée, — cette promiscuité de toutes les heures du jour, ces coups d’œil échangés furtive-