Page:Dick - Un drame au Labrador, 1897.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rôle de pomme de discorde entre les frères ennemis de la région labradorienne.

Et cette veuve énergique, gardant toujours au fond de son cœur le souvenir de la scène terrible qui la priva de son unique soutien, ne fallait-il pas aussi la montrer ce qu’elle était : bonne chrétienne, mais aussi femme à ne pas reculer devant la tâche vengeresse de punir, le cas échéant, le meurtrier de son mari.

Hâtons-nous d’ajouter cependant qu’elle était à cent lieues de se croire dans le voisinage de Jean Lehoulier, encore moins de se douter qu’elle venait d’héberger le fils et le neveu de son plus mortel ennemi.


Bravo, Suzanne ! cria Louis.

Quant à Suzanne et aux garçons, ils étaient tout bonnement enchantés de leurs nouvelles connaissances et ne tarissaient pas d’éloges sur leur compte : — concert de louanges auquel, du reste, la maman mêlait volontiers sa note grave.

— Ce sont de braves garçons, disait-elle, après le retour de ses fils.

— Et qui ne boudent pas à l’ouvrage ! ajoutait Louis.

— Ni à table non plus !… renchérissait Thomas, fort porté sur sa bouche, comme on s’en souvient.

— C’est un titre de plus à ton amitié, intervint malicieusement Suzanne.