en une douce mélodie où semblaient trembler des sanglots.
Champfort s’arrêta à la porte, le cœur serré et en proie à une indicible émotion.
« Toujours seule et triste ! murmura-t-il. Pauvre Laure ! »
Puis, ne voulant pas laisser plus longtemps ignorer sa présence à deux pas de sa cousine, il frappa doucement.
Le piano se tut aussitôt, et Mlle Privat vint elle-même ouvrir.
« Ah ! c’est vous, mon cousin, fit la jeune fille un peu surprise.
— En personne, ma cousine, et enchanté d’avoir le plaisir de vous voir.
— Vous êtes bien aimable de condescendre jusqu’à venir visiter de pauvres campagnards comme nous.
— Je ne mérite pas aujourd’hui ce compliment, ma chère Laure, car c’est à la demande expresse de ma tante que je me suis transporté au cottage.
— En vérité ? Alors, c’est maman qu’il faut remercier. Il ne fallait rien moins que sa puissante intercession pour obtenir une faveur si précieuse.
— Comme vous dites, ma cousine. Je ne suis pas à moi en ce temps-ci : j’appartiens à mes auteurs de médecine.
— Heureux mortels que ces auteurs !
— Pas tant que vous croyez, car ils ont en moi un amant assez volage.
— C’est dans l’ordre, » répondit un peu sèchement la jeune fille.
Toute cette conversation s’était tenue sur un ton aigre-doux, moitié plaisant, moitié sarcastique, surtout du côté de Laure.