comme le fait une gaze quasi-impalpable recouvrant une figurine de cire. Petite de taille, alerte, vive, toujours parlant, toujours riant, altérée de mouvement, de bruit, de plaisir… c’était bien la femme créée et mise au monde pour gaspiller royalement une fortune comme la sienne.
Madame Privat n’avait que deux enfants : Edmond et Laure.
Edmond avait environ vingt-deux ans. Depuis l’arrivée de la famille à Québec, il étudiait le droit à l’Université Laval. C’était un grand jeune homme à la mine éveillée, au teint blond et aux yeux bleus, le portrait vivant de sa mère, dont il reproduisait, du reste, le type au moral. C’était bien, avec cela, le plus joyeux garçon d’Amérique et le meilleur cœur qu’il fût possible de souhaiter. Sa mère en raffolait et tout le monde l’aimait.
Laure, plus jeune de deux ans, était bien différente au physique et au moral. Elle reproduisait dans toute sa splendeur le type créole de son père, dont les exagérations tropicales étaient mitigées par le sang des climats du nord, qu’elle tenait de sa mère.
De taille moyenne, mais d’une cambrure admirable, elle avait de ces mouvements félins et moelleux, qui sont d’une grâce irrésistible, quand ils sont naturels. Les cheveux d’un noir chatoyant se relevaient d’eux-mêmes sur le front et les tempes, pour s’épanouir en un fouillis de coquettes volutes, qui n’auraient certainement pu imiter le plus habiles des coiffeurs. Sous ce gracieux chapiteau de cheveux bouclés s’arrondissait doucement un front lisse comme une lame d’ivoire, au bas duquel s’estompaient en vigueur de grands sourcils noirs du dessin le plus habile. Les yeux