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comme les allées classiques des jardins anglais, tantôt étroits et tortueux, selon que le caprice de la nature ou les goûts romantiques du Le Nôtre canadien l’avaient voulu… Et puis des charmilles, des bocages, des bancs rustiques, des pelouses veloutées, des étangs qui semblaient dormir, des vallons ombreux, aux flancs desquels s’incrustaient les myosotis et les marguerites !…

Une miniature de l’Éden !

Quand, le front fatigué par le travail incessant de la pensée, ou le cerveau endolori par l’épuisante obsession de quelque idée fixe, de quelque souvenir amer, on éprouve le besoin d’un peu de répit, d’une minute d’oubli, c’est là qu’il faut l’aller chercher – là, en pleine nature, sous ces ombrages paisibles, près de ces cascatelles babillardes, au bord de ces ruisseaux dont la voix est douce et parle au cœur !… La brise y court, fraîche et parfumée, dans vos cheveux ; le feuillage y murmure à vos oreilles ses monotones mais toujours suaves et toujours mélancoliques plaintes ; les oiseaux y réjouissent l’âme par leurs gaies chansons et leurs joyeux ébats !…

Aussi, à peine les premières fleurs étalaient-elles au soleil de mai leurs pétales vierges ; à peine les champs et les arbres revêtaient-ils cette teinte verdâtre qui repose le regard, que la famille Privat, – ennuyée des fades plaisirs de la ville – s’installait au cottage de la Canardière, pour ne plus le quitter qu’à l’approche de l’hiver.

On y menait joyeuse vie.

Le sable de la grande avenue criait souvent sous les roues de lourds carrosses, chargés de citadins et de citadines, attentifs à ne pas laisser s’attiédir leurs relations avec la riche famille et sensibles