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CHAPITRE VII

Kingston et Kentucky


Després s’arrêta un instant à cette phase de son récit.

Sa physionomie, jusque là grave et triste, se revêtit soudain d’une expression de haine impossible à rendre ; sa prunelle s’alluma d’un feu sombre, comme si quelque horrible souvenir venait de passer devant ses yeux, et il reprit d’un ton farouche :

« J’achève, messieurs, et je serai bref dans ce qui me reste à dire.

« Je remontai donc le Richelieu pendant le reste de la nuit, me dirigeant vers la frontière. À la pointe du jour, je me trouvais tout au plus à quatre ou cinq milles de la ligne quarante-cinq, c’est-à-dire de la liberté, du salut. Mais j’étais exténué, je n’en pouvais plus ; mes mains, gonflées outre mesure par le maniement de l’aviron, refusaient absolument le service…

« Je dus m’arrêter pour prendre quelque repos.

« Je me trouvais alors en face d’un grand bois de sapins et de bouleaux. J’y cachai mon canot et, m’étendant tout auprès, je m’endormis d’un profond sommeil.

« Quand je m’éveillai, le soleil était haut et je jugeai que j’avais dû dormir plusieurs heures.

« Pour réparer autant que possible cette grave imprudence, je me hâtais de remettre mon embarcation à l’eau, lorsque de grands cris s’élevèrent des deux côtés de la rive et je fus enveloppé par