Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naissance, les mains cramponnées au rocher qui lui servait d’abri.

« — Pauvre enfant ! murmurai-je, si ce misérable que je viens de tuer ne s’était pas rencontré sur notre chemin, comme nous aurions été heureux !

« Mais je n’avais ni le temps ni la volonté de m’attendrir. Je la transportai dans mon canot et la ramenai chez elle.

« Au moment où je la déposais près de la maison de son père, elle reprit ses sens et me reconnut.

« Après m’avoir regardé avec effroi pendant quelques secondes, elle détourna la tête et ses lèvres murmurèrent un mot sanglant :

« — Assassin !

« — Vous vous trompez, mademoiselle, répliquai-je gravement. Ce n’est pas moi, mais bien votre coquetterie qui a couché dans les bruyères de l’îlot l’homme qui y dort son dernier sommeil. Souvenez-vous-en, Louise, et… adieu !

« Je m’éloignai rapidement, l’âme remplie d’une mortelle tristesse, et, toute la nuit, je remontai le Richelieu à grands coups d’aviron. »