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les basses insultes de Lapierre et sa hideuse trahison, j’aurais volontiers déchargé les douze coups de mes revolvers sur son canot, au risque de tuer Louise, s’il eût dépassé la pointe de l’îlot sans s’y arrêter.

« Heureusement pour la jeune fille, il n’en fut rien. Lapierre rama dans ma direction et vint atterrir à une dizaine de pas de moi.

« Il était d’humeur charmante, le digne homme, et ce fut d’une voix extrêmement aimable qu’il dit à sa compagne, en la débarquant dans ses bras :

« — Eh bien ! ma chère Louise, que vous en semble ? jusqu’ici notre fuite n’est-elle pas une délicieuse promenade nocturne ?

« — Il fait bien noir… murmura la jeune fille.

« — Hé ! c’est justement la nuit qu’il nous faut : pas un air de vent, pas un rayon de lune – une véritable nuit d’amoureux !

« — Je voudrais bien partager votre opinion ; mais – vous le dirais-je ? – cette obscurité et ce silence me pèsent : il me semble que quelque chose de lugubre plane dans les airs.

« — Encore ?… Je parie que c’est l’ombre courroucée de votre ex-amoureux Després que votre esprit y voit.

« — Ne riez pas : c’est, en effet, à Després que je pense avec effroi.

« — Ho ! ho ! la bonne farce ! Tenez, moi aussi l’image de cet excellent Gustave me trotte un peu dans la cervelle, je l’avoue ; mais cette image, loin de me faire peur, me tient au contraire en gaieté. Je donnerais tout au monde pour voir quelle tête fera notre écolier, lorsqu’il ira demain chez votre père et constatera que vous lui avez